Globalement, les propositions de l'opposition se rejoignent en termes de vision et d'objectifs. Les partis de l'opposition estiment que le temps est venu pour qu'une période de transition démocratique soit enclenchée afin de juguler la crise politique qui secoue le pays depuis plus d'un mois. Chacun, cependant, y va de sa feuille de route. Mais globalement, l'opposition se rejoint en termes de visions et d'objectifs. Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) plaide pour une "transition de rupture". Selon son président, Mohcine Belabbas, le RCD pose, comme préalable à la réussite de cette transition, la "démission du chef de l'Etat" qui, avant de partir, doit également "emporter avec lui" son gouvernement et procéder à "la dissolution des deux Chambres du Parlement et du Conseil constitutionnel". Le RCD suggère que cette période de transition "soit la plus courte possible". Se situant du côté du mouvement populaire, le Rassemblement propose l'élection d'une "Haute instance" composée de trois personnes élues par "de grandes corporations telles que le corps de la magistrature, l'enseignement supérieur, les syndicats autonomes". Voulant en finir avec les déloyaux vieux caciques du pouvoir, le RCD a même fixé l'âge des trois membres de la haute instance qui ne doit pas dépasser les 60 ans. Une haute instance qui incarnera la fonction du président La haute instance de transition nommera, est-il précisé dans le plan du RCD, un "gouvernement de salut national" composé de "compétences nationales à l'exclusion de toutes personnes ayant une attache partisane". Ce gouvernement aura notamment pour mission de "gérer les affaires courantes" et il sera "en charge de la sécurité et de l'intégrité du pays à travers la présence en son sein d'une personnalité civile comme le ministre de la Défense nationale de plein exercice". L'armée "devra aussi aller vers une phase de transition", a insisté Mohcine Belabbas. L'autre idée proposée par cette formation est la création d'une "instance nationale indépendante de l'organisation des élections". Elle sera "indépendante du gouvernement" et sera présidée par "une personnalité intègre nommée par la Haute instance de transition". Elle sera chargée principalement d'"établir un fichier électoral incontestable et de définir les modalités du déroulement du scrutin du début jusqu'à la proclamation des résultats qui sont de son seul ressort et d'élaborer une loi électorale qui sera soumise à référendum le même jour que la nouvelle Constitution", indique le RCD. La nouvelle Constitution sera soumise à référendum populaire en même temps que la nouvelle loi électorale, "avant la fin du mois de juin 2019". Période transitoire la plus courte Dans la résolution du dernier conseil national extraordinaire, le FFS a, lui aussi, mis en exergue l'impératif "retour à la légitimité populaire". Cet objectif se fera, propose ce parti, à travers "l'élection d'une Assemblée nationale constituante, démarche inéluctable pour construire un nouveau contrat social et politique et poser le socle d'une deuxième République". Par ailleurs, une partie de l'opposition, composée, entre autres, de l'ancien candidat à l'élection présidentielle, Ali Benflis, du diplomate et ancien ministre, Abdelaziz Rahabi, d'Abderrezak Makri du MSP et du président du parti El-Adala, Abdallah Djaballah, regroupés dans les "Forces du changement en soutien au choix du peuple", opte pour "une solution politique dans le cadre de la légitimité populaire telle que consacrée par l'article 7 de la Constitution" qui stipule : "Le peuple est la source de tout pouvoir. La souveraineté nationale appartient exclusivement au peuple." La proposition porte sur la création à la fin du mandat d'Abdelaziz Bouteflika, le 28 avril prochain, d'"une instance présidentielle à laquelle seront confiées les prérogatives du Président", souligne-t-on. Cette instance, qui gérera une courte période de transition de moins de six mois, sera composée, propose-t-on, de "personnalités nationales crédibles, honnêtes et compétentes, qui adoptent les revendications du peuple". Ses membres, selon cette partie de l'opposition, devront "s'engager à ne pas se présenter comme candidat ni soutenir de candidat" lors des échéances électorales futures. La voie de sortie de crise actuelle telle que préconisée par le président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), Abderrezak Makri, consiste en le départ du président Bouteflika, une transition menée par des personnes intègres et non impliquées dans le système, un changement de la Constitution et la mise en place d'une commission indépendante pour l'organisation des élections. "Le peuple, source de tout pouvoir" Il s'agit d'une "période de transition de six mois dirigée par le président par intérim, d'un gouvernement par consensus jusqu'à la tenue de nouvelles élections". La phase de transition sera "dirigée, après la fin officielle du mandat de l'actuel Président le 29 avril prochain, par un homme politique qui n'a encore jamais été impliqué dans des affaires de corruption ou de fraude électorale", a indiqué ce parti. Le premier magistrat du pays serait choisi, selon lui, en consultation avec les différents partis politiques. Pour sa part, Jil Jadid de Soufiane Djilali qui n'a fixé aucune échéance, a proposé une transition de "quelques mois" pour préparer l'élection présidentielle et "sortir de la crise constitutionnelle actuelle". Le Parti des travailleurs de Louisa Hanoune demeure accroché à la mise en place d'une Assemblée constituante, laquelle passe par le départ du pouvoir en place et la dissolution du Parlement. B. K.