Selon les quelques femmes employées que nous avons rencontrées, hier matin, devant l'entrée de leur unité, le salaire de base d'une couturière tourne autour de 15 000 DA. Or, le chiffre d'affaires annuel de leur entreprise dépasse les 13 milliards de centimes. Le complexe Algérienne du costume (Alcost) de Béjaïa, une filiale du groupe Confection et Habillement (C&H), est paralysé par une grève illimitée déclenchée, depuis jeudi 18 juillet, par la section syndicale UGTA qui met en avant des revendications salariales, liées notamment à la prime de bénéfice annuel. "Nous sommes en grève", lit-on sur une banderole accrochée sur le portail principal de cette unité industrielle. Rencontré devant le poste de garde de l'entreprise, le secrétaire général de la section syndicale, Athmane Boulahrouz, nous fera savoir que "c'est le quatrième mouvement de grève que nous observons depuis le début de l'année en cours". Et pour cause, explique-t-il, la direction générale du groupe Textiles et Cuirs "Getex", dont dépend le complexe Alcost de Béjaïa, tarde à mettre en application les clauses contenues dans le protocole d'accord conclu avec le syndicat de l'entreprise. "L'accord que nous avions signé avec la DG de notre filiale devait être appliqué à compter d'avril dernier avec un effet rétroactif. Malheureusement, son entrée en vigueur semble renvoyée aux calendes grecques", regrette M. Boulahrouz, avant d'ajouter : "Nous réclamons notre part du bénéfice annuel, étant donné que le chiffre d'affaires de notre unité est en hausse." Notre interlocuteur, qui pointe du doigt "une distribution inéquitable des bénéfices", déplore que certains responsables de leur tutelle recourent à "la menace de fermeture" du complexe de Béjaïa si les travailleurs continuent de poursuivre leur mouvement de grève générale. À noter que le complexe Alcost de Béjaïa, spécialisé dans la confection de vêtements, notamment le costume et les tenues de travail (uniformes), emploie plus de 700 ouvriers, dont la majorité est constituée de femmes. Selon les quelques femmes employées que nous avons rencontrées hier matin, devant l'entrée de leur unité, le salaire de base d'une couturière tourne autour de 15 000 DA. Or, le chiffre d'affaires annuel de leur entreprise dépasse les 13 milliards de centimes. Une situation paradoxale qui a, visiblement, poussé les travailleurs de cette entreprise florissante à se révolter contre leur tutelle.