L'impair commis par l'avocate Me Benbraham, qui s'était permis de dénier le statut de détenus politiques aux militants du hirak emprisonnés, ne peut rester impuni. Pour cause, l'avocat et militant politique Mokrane Aït Larbi a annoncé, dans un communiqué rendu public, jeudi, avoir déposé plainte contre l'avocate. "Une plainte a été déposée le 14 août 2019 au bureau du bâtonnier d'Alger à la demande de prisonniers d'opinion contre Me Benbraham Fatma-Zohra suite à ses déclarations dans un quotidien national", a-t-il indiqué. Et de rappeler les propos tenus par Me Benbraham dans un entretien accordé dimanche 4 août 2019 au journal arabophone Echorouk El Youmi : "Actuellement, il n'existe pas de détenus d'opinion dans les prisons, qu'ils soient journalistes ou hommes politiques… après avoir pris connaissance du dossier… le concerné mérite plus que la prison au vu des lourdes accusations qui pèsent sur lui, considérant que la plupart des personnes arrêtées lors des marches sont impliquées dans diverses affaires, dont le vol, l'agression, la violence contre les femmes et le harcèlement." Une sortie surprenante qui a valu des critiques acerbes à l'avocate qui venait alors de faire son entrée dans le panel dirigé par Karim Younès. D'ailleurs, le collectif des avocats pour le changement et la dignité en charge des dossiers des détenus d'opinion a tenu des propos très durs contre l'avocate en qualifiant ses déclarations d'"irresponsables et irréfléchies". "Nous infirmons, et ce, en connaissance de cause, toutes les informations données par cette avocate, qui n'était pas constituée et ne peut parler du contenu des dossiers", ont-ils soutenu, avant d'assener : "Le système n'est maintenu que grâce à ce genre de serviteurs." Il y a lieu de rappeler que le moudjahid de la première heure et ancien chef de la Wilaya IV historique, Lakhdar Bouregâa, est incarcéré depuis le 29 juin 2019 pour des déclarations publiques qui sont, aux yeux du juge d'instruction, de nature à "saper le moral de l'Armée nationale" et une "humiliation d'une autorité". La porte-parole du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, croupit, elle aussi, en prison depuis le 8 mai 2019, accusée d'"atteinte à l'autorité de l'armée" et de "complot contre l'autorité de l'Etat". Pis encore, près de 60 manifestants ont été placés en détention préventive pour avoir exhibé l'emblème amazigh. Arab C.