Plaidant pour l'enclenchement d'un processus constituant souverain, le PAD lance un appel d'adhésion à la convention nationale, qui aura lieu lundi prochain. Les leaders du Pacte de l'alternative démocratique (PAD) ont animé, hier au siège du MDS à Alger, une conférence de presse, au cours de laquelle ils ont expliqué l'esprit de la démarche et ont annoncé que la convention aura lieu le lundi 9 septembre quelle que soit la réponse des autorités compétentes à deux nouvelles demandes d'autorisation pour l'organisation d'une convention nationale. "Nous sommes décidés à tenir notre convention le 9 septembre et à accompagner le mouvement populaire et citoyen. Nous restons mobilisés pour donner une vision démocratique au nécessaire changement qui passe obligatoirement par une période de transition à travers un processus constituant souverain", ont-ils consigné dans une déclaration liminaire, lue par Fethi Ghares, coordinateur du MDS. Pour les membres du PAD, l'interdiction de la convention (programmée pour le 28 août dernier) et de l'université d'été du RAJ "confirme le parti pris en faveur de la restauration de l'ancien régime. Le pouvoir intensifie ses menaces pour accréditer ses fausses ouvertures avec des panels soumis à ses desiderata". À ce titre, "l'entêtement des tenants du pouvoir à organiser une élection présidentielle dans le cadre d'une constitution octroyée est l'une des causes de la crise actuelle" et est, à leur regard, une stratégie de dévoiement de la volonté populaire aux conséquences désastreuses. "Nous mettons le pouvoir devant ses responsabilités pour lever les entraves aux droits, aux libertés et aux débats publics, ainsi que la libération des détenus politiques et d'opinion", ont-ils exigé. Au fil des questions, les militants politiques ont clarifié leur option. Youssef Ramdane Taâzibt, du Parti des travailleurs, a rappelé que les différences entre les partisans de l'Assemblée constituante et ceux d'une simple période de transition qui mettrait le cap sur une présidentielle délivrée du joug du régime ont été transcendées en faveur d'un accord sur des principes consensuels, dont une rupture totale avec le régime et le rejet inconditionnel de sa feuille de route. "Nous évoluons en fonction des développements politiques." Mahmoud Rachidi, coordinateur du PST, a complété l'idée en déclarant : "Nous avons adopté le processus constituant souverain car il est ouvert à de multiples possibilités." Il a précisé aussitôt qu'il ne convient pas de le confondre avec le mandat présidentiel transitionnel, proposé par le panel de dialogue et de médiation coordonné par Karim Younès, lequel se concrétise dans le cadre de l'actuelle Constitution. Me Zoubida Assoul, de l'UCP, a souligné que le président déchu Abdelaziz Bouteflika a institué une loi fondamentale qui lui a donné les pleins pouvoirs. "Il est inconcevable de commettre la même erreur en dotant une personnalité, quelle qu'elle soit, de la légitimité des urnes avec la même Constitution et les mêmes institutions. Nous n'avons pas le droit d'hypothéquer l'avenir de l'Algérie." Dès lors, avant d'élire un président de la République, il faudra d'abord procéder, dans son entendement, à un assainissement institutionnel, constitutionnel et bannir les pratiques de l'ancien régime. "Il faut changer les règles et les modes de gouvernance avant de changer les personnes", a-t-elle ajouté. Ce sont là les objectifs assignés au "processus constituant souverain" défendu par le Pacte de l'alternative démocratique. Mohcine Belabbas, président du RCD, a expliqué que cette période charnière servira à "construire (un Etat de droit, ndlr) et à déconstruire (le régime). Deux opérations qui vont de pair". Pour cette raison, "nous ne sommes pas tombés dans le piège de ne parler que d'une période de transition, ni de perdre de vue les appréhensions liées à une Assemblée constituante". C'est justement dans les expériences ratées et les difficultés de la tâche (élire un chef de l'Etat sans toucher à la Constitution ou réviser la loi fondamentale sans président élu) que les autorités du pays, principalement le chef de l'institution militaire, et leurs relais puisent leur argumentaire contre une période de transition. "Le pouvoir refuse cette option car il cherche à se pérenniser sous un autre profil", a mis en garde Moulay Chentouf, membre de la direction du PLD. Il est corroboré par Ali Brahimi, ancien député et l'un des initiateurs du Manifeste pour l'Algérie nouvelle. "Nous considérons que le pays vit une crise d'un système politique maffieux et qu'il nous faut une période de transition pour le démanteler. Cette période résultera d'un compromis entre les forces citoyennes et politiques." Ali Laskri, du FFS, a répercuté la revendication du peuple afférente à son droit à l'autodétermination exprimé dans les slogans "Libérez l'Algérie" ; "Le peuple veut l'indépendance" ; "Souveraineté populaire, période de transition". Le cadre dirigeant du vieux parti de l'opposition a asséné : "Nous n'avons pas le droit de trahir les Algériens. Le combat du mouvement révolutionnaire est le nôtre." Il a soutenu que le PAD sera élargi à d'autres formations politiques, collectifs de la société civile et personnalités nationales. Il reste à savoir si le Pacte de l'alternance démocratique réussira là où ont échoué les autres initiatives, c'est-à-dire fédérer la rue autour du concept, puis trouver les mécanismes de sa mise en œuvre. Pour l'heure, le PAD est formé du RCD, du Parti des travailleurs, du MDS, du PST, du PLD, de l'UCP, de la Laddh, du Collectif de soutien et de vigilance au mouvement (CSVM) dont fait partie l'association RAJ, le Manifeste pour une Algérie nouvelle et le Collectif des professeurs et docents en médecine.