Le chef d'état-major de l'ANP a usé d'une sémantique qui en dit long sur les velléités d'une reprise en main "musclée" de la situation. Droit dans ses bottes, le général de corps d'armée, Ahmed Gaïd Salah, n'est visiblement pas disposé à se plier à la volonté de ces millions d'Algériens qui, chaque vendredi et mardi, depuis maintenant plusieurs mois, battent le pavé en divers endroits du pays pour réclamer inlassablement un changement radical de système et le départ de tous les symboles de l'ancien régime. Dans une allocution prononcée hier depuis la cinquième Région militaire (Constantine), Ahmed Gaïd Salah, en dépit de l'hostilité affichée ouvertement par la "rue" pour l'organisation du prochain scrutin présidentiel sous les auspices du même personnel qui a cautionné jusque-là la fraude, a réitéré que la priorité qui s'impose, à ses yeux, est la tenue de la présidentielle dans les délais impartis, c'est-à-dire avant la fin de l'année en cours. "Remettre le pays sur la bonne voie requiert nécessairement de définir les priorités, et il n'y a pas l'ombre d'un doute que la priorité qui s'impose en ces circonstances que traverse l'Algérie, est la tenue des présidentielles dans les délais impartis", a-t-il affirmé, selon des propos repris par le site du MDN. "Nous avons parlé auparavant de la nécessité d'accélérer la tenue des présidentielles, mais aujourd'hui nous sommes absolument certains que celles-ci se dérouleront dans les délais déterminés, grâce à la bonne perception du peuple quant aux agendas de certaines parties bien connues, qui n'ont aucun lien avec l'intérêt du peuple algérien ; agendas dictés par des entités hostiles à l'Algérie, qui consentent tous les efforts tendancieux afin d'entraver la solution constitutionnelle, en l'occurrence la tenue des présidentielles", a-t-il justifié. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, Ahmed Gaïd Salah accuse tous ceux qui s'opposent à l'option de la tenue de la présidentielle, dans les conditions actuelles, d'être à la solde de la "bande" et d'œuvrer contre… la démocratie. "Ces parties hostiles sont parfaitement conscientes que la tenue des présidentielles signifie le début d'une ouverture sur la démocratie réelle. Cela est loin de plaire à cette horde, qui agit selon la logique de la bande, laquelle consiste à appliquer le principe de désinformation et à se cacher derrière des slogans, aujourd'hui mis à nu devant l'opinion publique nationale. Ces slogans qui réclament la démocratie d'une part, œuvrent inlassablement pour ne pas l'atteindre d'autre part", soutient-il. Et cette "bande" refuse l'option de l'élection de peur, suggère-t-il, du verdict des urnes. "(…) Raison pour laquelle, ils cherchent une troisième alternative aux conséquences inconnues et aux répercussions imprévisibles, car totalement loin de l'intérêt du peuple algérien. Une alternative nihiliste, stérile et sans perspective, qui expose la sécurité et la stabilité de l'Algérie à d'innombrables périls." Vers une reprise en main "musclée" de la situation ? Alors que d'aucuns s'interrogent jusqu'où ira le bras de fer et ce dialogue de sourds que se livrent la "rue" et le "pouvoir de fait" et si celui-ci maintiendra son agenda, contre vents et marées, Ahmed Gaïd Salah a usé d'une sémantique qui en dit long sur les velléités d'une reprise en main "musclée" de la situation. "Des périls auxquels l'Armée nationale populaire fait face avec fermeté, détermination et volonté inflexibles et qu'elle affronte de toute sa force, soutenue par la grandeur des missions qui lui sont assignées et la noblesse de ses positions qui s'attachent en permanence à la légalité constitutionnelle et au référentiel novembriste, ainsi qu'au serment solennel qu'elle a prêté à Allah et à l'histoire, envers la patrie et le peuple", affirme Gaïd Salah. "En effet, l'Armée possède des capacités considérables, je dis bien des capacités considérables, qu'elle saura mettre au service de la patrie et du peuple. Que le peuple algérien soit entièrement confiant que son armée tiendra parole quelles que soient les circonstances et continuera à l'accompagner à travers tout le territoire national, et tout au long de cette phase sensible jusqu'à permettre la tenue des élections présidentielles dans la sécurité, la paix et la sérénité, n'en déplaise à cette petite horde nuisible, qui a surestimé sa dimension réelle et exagéré son ampleur fictive, tentant avec vanité et obstination de nager contre le courant de l'Algérie, terre et peuple, histoire et valeurs nationales ancestrales, omettant que quiconque nage contre ce courant sera inévitablement emporté par les flots." "(…) Il est certain que le meilleur moyen qui puisse permettre au peuple algérien de relever tous les défis actuels et futurs est de se prémunir contre les mensonges répétés et continus qu'adopte, avec impertinence, cette horde égarée qui veut imposer sa vision altérée à la majorité du peuple algérien, en employant ses relais médiatiques à l'intérieur et à l'extérieur du pays et en mobilisant des porte-voix à travers les réseaux sociaux, outre l'utilisation pernicieuse des marches populaires et estudiantines en veillant à se mettre à la tête de ces marches et à brandir des slogans creux de manière répétée, servant leur vision aberrante et leurs objectifs", dit-il. Déni de réalité ou refus obstiné de favoriser un dialogue ouvert avec toutes les composantes de la société, le chef d'état-major des forces armées laisse entendre, en tout cas, que le projet de transition n'aura pas lieu et que la participation à l'élection présidentielle sera massive. "Pour conclure, je tiens à saluer cette conscience grandissante et forte quant à l'intérêt suprême de l'Algérie que le peuple algérien ne cesse de démontrer clairement, avec persévérance et dévouement ; des qualités qui ne sont pas étrangères à notre peuple authentique dont nous sommes parfaitement certains que sa participation à l'élection du futur président de la République sera massive et affluente, en toute liberté, intégrité et transparence pour faire le bon choix. Notre peuple doit savoir avec certitude que l'Armée nationale populaire le soutiendra toujours et en toutes circonstances." Karim K.