Le Collectif national de défense des détenus d'opinion, qui s'est réuni jeudi au siège du bâtonnat de Tizi Ouzou pour examiner la situation des citoyens injustement arrêtés lors des marches organisées par le peuple algérien depuis le 22 février, a décidé de passer à l'action et de mettre à exécution ses menaces faites la semaine dernière. En effet, après avoir dénoncé les lenteurs considérées comme "voulues par les juges instructeurs des tribunaux de Sidi M'hamed et de Bab El-Oued dans l'étude des dossiers des détenus d'opinion" et appelé au "boycott des juridictions pénales", les avocats du collectif ont décidé de boycotter l'instruction au niveau des tribunaux de Bab El-Oued et de Sidi M'hamed, ainsi que les audiences de la chambre d'accusation de la cour d'Alger. "Ne pouvant cautionner des procédures en violation de tout bon sens et entendement, le collectif a pris la décision de boycotter l'instruction des deux tribunaux de Sidi M'hamed et de Bab El-Oued, ainsi que les audiences de la chambre d'accusation de la cour d'Alger", est-il annoncé dans le communiqué rendu public à l'issue de la réunion du collectif. Ces avocats ont motivé leur décision par le fait que plusieurs tribunaux du pays ont relaxé des prévenus dans différents dossiers, ce qui n'est pas le cas des tribunaux de Sidi M'hamed et de Bab El-Oued qui, soutiennent-ils, "s'entêtent à faire perdurer la détention provisoire pour des raisons non fondées". Quant à la chambre d'accusation de la cour d'Alger, le collectif explique qu'"elle a confirmé toutes les ordonnances de mandat de dépôt de ces deux tribunaux et a refusé toutes les demandes de mise en liberté formulées par la défense". Tout en rappelant que cela fait presque quatre mois que des citoyens sont arrêtés pour des faits qui ne constituent guère des délits et qu'ils sont devenus des otages entre les mains des tenants du système, ces avocats ont tenu à rassurer les familles des détenus que la défense sera présente "en force" les jours des procès et qu'elle "pèsera de tout son poids pour faire triompher la justice". Selon le communiqué, le collectif ne compte pas s'arrêter en si bon chemin puisque, d'ores et déjà, il appelle "à des actions d'envergure pour une bonne et saine application de la loi et dénonce toute instrumentalisation de l'appareil judiciaire dans ce genre de dossiers, et lance un appel à toutes les bonnes volontés, écrit-il, "à s'unir dans l'intérêt des détenus et de leurs familles". Pour rappel, ce même collectif avait expliqué, dans un précédent communiqué, que "ces dossiers ne demandent en réalité aucune instruction et peuvent tout simplement être traités avec la procédure de la comparution immédiate ou de la citation directe". "Un non-lieu doit être ordonné dans ces dossiers dans les meilleurs délais car nos courageux magistrats ont déjà rendu des jugements de relaxe pour les mêmes poursuites à travers tout le territoire national", ont-ils également soutenu.