La "performance" de Bensalah devant Vladimir Poutine a été abondamment commentée et copieusement raillée par les manifestants. Hier, à l'occasion de la 36e marche de la révolution, les Oranais sont sortis avec deux mots d'ordre principaux : la libération inconditionnelle des détenus politiques et le rejet de l'élection présidentielle. L'essentiel des pancartes brandies et des slogans scandés exigeait, en effet, l'élargissement immédiat et sans condition des détenus emprisonnés en violation des lois garantissant la liberté d'opinion et d'expression, et appelait à l'annulation du processus engagé pour l'organisation de l'élection du 12 décembre prochain. "Les manifestants ont été interpellés pour des motifs fallacieux et sont retenus en otage en violation de toutes les lois. Si le pouvoir pensait que ces arrestations allaient affaiblir le hirak, il a dû se rendre compte qu'il n'en est rien. Le mouvement continue et se poursuivra jusqu'au départ de la îssaba", a expliqué un enseignant universitaire, en appelant les dirigeants à ouvrir les yeux sur la réalité de la révolution. "Elle est nourrie par une jeunesse avide d'un futur débarrassé de toutes les figures d'un système corrompu. Et cette jeunesse est déterminée à aller jusqu'au bout", a continué notre interlocuteur, tandis que des centaines de manifestants scandaient des slogans hostiles au pouvoir. À quelques jours d'un vendredi 1er novembre très particulier, les Oranais ont convoqué le souvenir d'Ali La Pointe en lançant des "Ya Ali… ya Ali… ya Ali" avant de chanter : "Ali La Pointe, thawra wellat" (Ô Ali, la révolution est revenue) et des "Allah Akbar, rahou ja November" (Allah Akbar, Novembre est arrivé), annonçant un 1er novembre de feu. "Nous avons manifesté lors de la fête de l'indépendance d'une manière très particulière, nous ferons de même pour la date du déclenchement de la Révolution. Désormais, les symboles de la révolution retourneront dans le giron du peuple", a promis un manifestant pour lequel les Algériens doivent consolider leur mobilisation pour arracher le pays aux voleurs. Et comme cela était prévisible, la "performance" d'Abdelkader Bensalah devant Vladimir Poutine a été abondamment commentée et copieusement raillée par les manifestants. "Cet épisode nous conforte dans notre conviction que nous avons raison que Bensalah et consorts n'ont pas la stature pour diriger un pays comme l'Algérie et que nous devons recouvrer notre dignité", a estimé un jeune étudiant, en joignant sa voix à celle des manifestants qui accusaient le chef de l'Etat par intérim d'avoir humilié le pays. "El-Djazaïr la touhan (On n'humilie pas l'Algérie)", ont-ils scandé pendant de longues minutes. "C'est pour cela que l'élection présidentielle ne doit pas avoir lieu. Elle est pensée pour perpétuer un régime qui vole son peuple et n'hésite pas à solliciter le soutien des puissances étrangères pour garder le pouvoir", a renchéri un autre manifestant.