Le tribunal de Tlemcen de première instance a rendu tard dans la soirée de lundi son verdict dans l'affaire des dix-huit jeunes arrêtés dimanche lors de la manifestation pacifique organisée pour dénoncer la présidentielle du 12 décembre. Ainsi, quatre mis en cause ont été condamnés à une lourde peine de dix-huit mois de prison ferme chacun, tandis que les quatorze autres prévenus ont écopé de deux mois de prison avec sursis. Les prévenus ont comparu en citation directe. Selon Me Tahar Reguig, ces prévenus arrêtés dans des lieux publics étaient poursuivis pour "attroupement et entrave au déroulement de la campagne électorale". Ils sont âgés entre 25 et 31 ans. À la lecture du jugement par le président de l'audience, les proches et les familles des prévenus se sont déclarés scandalisés. "La salle était en colère contre ce jugement, puisque les prévenus n'ont rien fait de grave. Les familles ne comptent cependant pas abdiquer et feront appel du jugement jugé sévère auprès de la cour", a affirmé l'avocat, en citant des témoignages des proches des accusés. En somme, le collectif de défense ne s'est pas fait trop d'illusions. "Les avocats avaient peu d'espoir de voir leurs clients relaxés en raison de la situation politique qui prévaut dans le pays", a rappelé l'avocat, avant de poursuivre : "Les défenseurs ont plaidé pour l'innocence de leurs clients. Ces derniers ont déclaré au président de l'audience qu'ils ont été arrêtés dans un lieu public. Autrement dit, ils n'ont pas été interpellés lors de la manifestation organisée lors de la tournée du candidat Ali Benflis." Signalons que le collectif de défense a entamé, hier matin, la procédure pour introduire un pourvoi en cassation du jugement au niveau de la cour de Tlemcen. "Parmi les condamnés figure un doctorant qui prépare sa thèse de fin de cycle en sciences physiques à la faculté des sciences de l'Université de Tlemcen. Ce doctorant était en fait attablé dans un café au centre-ville, en train de siroter son café, avant d'être surpris par des policiers qui l'ont embarqué manu militari dans le fourgon cellulaire pour être placé en garde à vue pour des faits qu'il ignore. Il a été accusé d'attroupement et d'entrave à la campagne électorale", a déploré Me Tahar Reguig. Rappelons enfin que pas moins de trente-sept personnes ont été interpellées dimanche dernier lors du rassemblement organisé pour protester contre le candidat Ali Benflis, dont dix-neuf ont été finalement relâchés.