La seconde caravane contre l'élection présidentielle du 12 décembre semble avoir donné plus de visibilité à la révolution populaire au Québec. Samedi avant la manifestation devant le consulat général d'Algérie à Montréal, la caravane a mobilisé plus de monde que lors de la première action. Plus de 120 véhicules ont participé au cortège précédé par un camion à écran sur lequel défilent les portraits des détenus d'opinion ainsi que toute la littérature du hirak appelant au rejet de la présidentielle et à l'instauration d'une transition démocratique, prélude au changement du système qui a ruiné le pays depuis l'indépendance. L'emblème national et le drapeau amazigh flottaient au vent, devant des badauds surpris par cet élan révolutionnaire. Après avoir emprunté l'itinéraire choisi par les organisateurs, la caravane arrive devant le point de chute, le consulat algérien, où le décor était déjà planté pour entamer la manifestation dans son acte 40. Toutes les pancartes brandies appelaient au rejet de la "mascarade électorale" du 12 décembre et à la libération des détenus d'opinion. Les cinq candidats, contraints à une campagne électorale presque clandestine, ont inspiré aux manifestants des mots durs qui, dans une situation normale, auraient provoqué un sursaut de dignité chez ces postulants qui maintiennent leur candidature contre la volonté populaire dont ils sollicitent paradoxalement les suffrages. Des suffrages, il n'y en aura pas, promettent les Algériens du Canada, puisque, pour eux, il n'y aura tout simplement pas d'élection. "Ulac l'vote ulac", "Pas d'élection avec la bande", scandent les manifestants mobilisés malgré le froid. Le silence des capitales occidentales devant la vague de répression et d'arrestations des militants du hirak a révulsé les manifestants. "Non à la complicité internationale avec le régime autoritaire corrompu et assassin de l'Etat algérien", lit-on sur une pancarte. Durant le rassemblement, une pétition a été ouverte pour le rejet du scrutin présidentiel. Une manière de quantifier les boycotteurs. "C'est une précaution supplémentaire, au cas où l'administration consulaire nous sortirait un taux de participation fictif. Or, il est maintenant établi que la grande majorité de la diaspora algérienne rejette cette échéance qui, à vrai dire, compliquera la crise", commente une manifestante. Une vigie anti-élection sera organisée durant les opérations de vote devant le consulat. On apprend, par ailleurs, qu'à l'approche de la date de l'élection, la caravane sera organisée de Montréal vers le siège de l'ambassade d'Algérie à Ottawa.