Deux jeunes manifestants, arrêtés par la police en possession du drapeau amazigh par la police, lors de la 40e marche du hirak, organisée vendredi dernier dans la capitale des Hauts-Plateaux, ont été acquittés, hier, par le tribunal correctionnel de Sétif. L'un des mis en cause, Nacer Agaoua, un hirakiste de 37 ans, natif d'Akbou (Béjaïa), a été interpellé par des policiers en civil avant l'entame de la manifestation du 40e vendredi, alors qu'il était en compagnie de quatre autres manifestants, tous originaires de la haute vallée de la Soummam. Ces derniers ont été relâchés le jour même, tandis que l'activiste d'Akbou, pris en "flagrant délit" de possession de l'emblème amazigh, a été placé en garde à vue pendant 48 heures au commissariat central de Sétif. L'autre manifestant arrêté également pour détention du même drapeau berbère est Arezki Kerrou, un lycéen originaire de la commune de Tidjelabine, dans la wilaya de Boumerdès. Poursuivis pour "atteinte à l'unité nationale", les deux prévenus ont été finalement relaxés à l'issue de leur procès ouvert, hier matin, en présence d'un collectif de défense composé de trois avocats de la Ligue de défense des droits de l'Homme (Laddh) de Béjaïa et de leurs collègues du barreau de Sétif. Lors de sa plaidoirie, le collectif d'avocats a battu en brèche l'accusation retenue contre les deux hirakistes, en soutenant qu'"aucun texte de loi n'évoque explicitement l'interdiction de porter un drapeau autre que l'emblème national". Pour sa part, le procureur de la République a requis, lors de son réquisitoire, une année de prison ferme à leur encontre. Au terme des délibérations, le juge a prononcé l'acquittement des deux accusés, tout en leur restituant leur drapeau symbolisant l'identité amazighe. "Pour nous, la justice a triomphé aujourd'hui à Sétif. La courageuse décision prise par le juge est à saluer vivement. C'est un verdict qui rappelle le droit, mais qui confirme, par ailleurs, l'exception du tribunal de Sidi M'hamed (Alger). Maintenant, les autorités doivent cesser d'engager des poursuites judiciaires contre les porteurs du drapeau amazigh. Car cette question devient un cas de jurisprudence", nous a déclaré, hier, le vice-président de la Laddh, Saïd Salhi, à sa sortie du tribunal de Sétif. De son côté, Me Yasser Belamri, l'un des membres du collectif de défense, se félicite de la teneur du jugement rendu par le tribunal de Sétif. En revanche, la juridiction de Sidi M'hamed, soutient-il, procède à l'ouverture d'une information judiciaire, "ce qui est complètement illégal". À noter qu'un activiste du mouvement populaire, Rachid Bendiaf, originaire d'Akbou, présent hier au procès de Sétif, a été interpellé par la police, alors qu'il filmait à l'intérieur de la salle. Enfin, il convient de signaler la présence, hier, de plusieurs militants politiques et animateurs du hirak au tribunal de Sétif. Parmi eux, on peut citer les deux parlementaires du RCD de Béjaïa Atmane Mazouz et Nora Ouali, le député démissionnaire Khaled Tazaghart, Saïd Salhi de la Laddh et le militant d'Akbou Zahir Benkhellat.