De nombreux manifestants sont sortis de nouveau, hier, à Aokas, à Kherrata et à Akbou pour exprimer leur détermination à faire échouer la mascarade électorale et pour libérer les détenus d'opinion. C'est sous une pluie battante et un froid glacial que des milliers de personnes ont battu le pavé, hier matin, dans les deux chefs-lieux des daïras d'Aokas et de Kherrata, à l'est de Béjaïa. Fidèles à leur rendez-vous hebdomadaire avec la mobilisation citoyenne, les nombreux manifestants, qui sont sortis de nouveau, hier, dans la rue, ont affiché leur détermination inébranlable à faire échouer la mascarade électorale en cours et à poursuivre leur combat pacifique jusqu'à la chute définitive de toutes les figures du régime. Munis de l'emblème national et du drapeau amazigh, les marcheurs ont clamé haut et fort les slogans chers au mouvement populaire, par lesquels ils réitèrent leur rejet du scrutin présidentiel du 12 décembre prochain, tout en exigeant la libération des détenus du hirak et la mise en place d'une véritable période de transition devant donner naissance à une nouvelle république. À Kherrata, les manifestants, qui ont bravé la grosse pluie qui s'est abattue hier sur la région du Sahel, ont eu à sillonner le parcours habituel allant du stade communal jusqu'au siège de l'APC, sis au cœur de la ville du 8-Mai-1945. Pour leur part, les hirakistes d'Aokas, mobilisés plus que jamais contre la tenue de l'élection présidentielle dans leur commune, ont battu le pavé depuis la place Katia-Bengana jouxtant l'agence postale, jusqu'au siège de la daïra, en parcourant l'artère principale de cette ville côtière. "Notre région ne pourra jamais cautionner une telle parodie d'élection présidentielle destinée à recycler le système maffieux qui a ruiné le pays. Aujourd'hui, le peuple algérien est éveillé. Désormais, il ne se laissera pas berner par les discours mensongers des candidats parachutés par le régime", nous a déclaré, hier, Zahir Zaouche, un activiste du hirak à Aokas. Par ailleurs, la ville d'Akbou, située à 70 km à l'ouest de Béjaïa, a été, hier, le théâtre de deux actions de protestation distinctes organisées au lendemain de l'arrestation par la police de cinq manifestants de la région, lors de la 40e marche du mouvement populaire à Sétif. Dans la matinée, les services de sécurité ont brutalement dispersé un groupe de manifestants proches du Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie (MAK), qui voulaient organiser un rassemblement de soutien aux détenus du drapeau amazigh à la placette des Martyrs du printemps noir de 2001, sise en face de la salle de cinéma d'Akbou. Selon le militant du Rassemblement pour la Kabylie (RPK), Sofiane Adjlane, pas moins d'une dizaine de manifestants ont été interpellés par les éléments de la Brigade de recherche et d'intervention (BRI). Suite à quoi, des dizaines de militants et de citoyens ont pris d'assaut le siège de la sûreté de la daïra d'Akbou pour exiger la libération de leurs camarades arrêtés. Cette mobilisation citoyenne a fini par avoir gain de cause, puisque tous les manifestants interpellés ont été relâchés par les responsables sécuritaires locaux. Parallèlement à cette action, de nombreux hirakistes ont organisé, dans la même matinée, un rassemblement au carrefour du lycée Hafsa (rebaptisé symboliquement du nom de Mohamed Haroun), en guise de soutien aux cinq jeunes Akbouciens arrêtés la veille par la police à Sétif pour port de l'emblème amazigh. Néanmoins, sur les cinq manifestants interpellés, seul l'un d'eux, Nacer Agaoua en l'occurrence, demeure en garde à vue au commissariat central de la capitale des Hauts-Plateaux, puisque les quatre autres ont été remis en liberté vendredi après-midi. Selon le militant Zahir Benkhellat, plusieurs citoyens se préparent pour la tenue d'un rassemblement, aujourd'hui dimanche 24 novembre, devant le tribunal de Sétif pour réclamer la liberation du jeune manifestant arrêté pour avoir brandi le drapeau amazigh. KAMAL OUHNIA