Aucun rassemblement n'était toléré nulle part et lorsque se formait un petit groupe suspect, la police intervenait immédiatement pour le disperser. À 15h, les hirakistes évoquaient déjà une centaine d'interpellations. Pour la première fois depuis le 22 février 2019, les Oranais n'ont pas pu manifester contre le pouvoir et continuer de réclamer le changement du régime. La raison : un impressionnant dispositif sécuritaire déterminé à empêcher toute manifestation de contestation. "À peine arrivés à la place du 1er-Novembre à 14h, les premiers manifestants ont été dispersés, violentés ou arrêtés", raconte un des premiers hirakistes parvenus sur les lieux. Certains ont même été traqués jusque dans les petites ruelles du quartier Cavaignac où ils ont été interpellés. Au lieu des traditionnels slogans du hirak, ce sont "Silmiya, silmiya" qui ont résonné entre les murs de la ville, lancés par des manifestants sur lesquels la police anti-émeutes se ruait. Aucun rassemblement n'était toléré nulle part et lorsque se formait un petit groupe suspect, la police intervenait immédiatement pour le disperser. À 15h, les hirakistes évoquaient déjà une centaine d'interpellations qui ont touché tout à la fois les manifestants et des passants manifestement non concernés par la marche. Des journalistes, comme notre collaborateur Saïd Oussad, ont été arrêtés rue Larbi-Ben M'hidi, conduits dans deux commissariats successifs avant d'être relâchés peu avant 18h. Une centaine de jeunes ont bien tenté d'organiser une marche depuis la place de la Victoire en scandant des slogans hostiles à Abdelmadjid Tebboune mais ils ont vite été rattrapés par des policiers hargneux au niveau de la Cinémathèque, à Miramar. Tout l'après-midi, les arrestations se sont multipliées, les policiers ont usé de la matraque et de bombes lacrymogènes qui ont indisposé femmes et enfants dans le même quartier de Miramar. Sur les réseaux sociaux, les internautes actualisaient la liste des personnes interpellées et s'interrogeaient sur cette soudaine répression qui, depuis lundi dernier, s'abattait systématiquement sur les manifestants. En fin d'après-midi, des informations faisaient état d'un début de confrontation entre la police et des habitants de St-Pierre, quartier dans lequel un groupe de jeunes manifestants s'était réfugié pour fuir la répression. En tout état de cause, Oran vit depuis une semaine une vague de répression sans précédent qui fait dire à beaucoup d'Oranais que la ville est "en état de siège". Les véhicules de police qui circulaient au centre-ville et le nombre inhabituel de policiers qui occupaient les places publiques donnaient tout son sens à cet inquiétant constat. On ignore le nombre exact de personnes interpellées, mais qui ont été relâchées en fin d'après-midi.