Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté hier en France contre la réforme des retraites, pour la première fois à l'appel de l'ensemble des syndicats, unanimes dans leur volonté de faire plier un gouvernement fragilisé au 13e jour d'une grève illimitée. Cheminots, enseignants, fonctionnaires, avocats, magistrats ... : les opposants au nouveau système universel de retraites, emblématique du président Emmanuel Macron, entendaient réaliser une nouvelle démonstration de force pour faire céder un gouvernement affaibli par la démission, lundi, de l'artisan du projet, Jean-Paul Delevoye, soupçonné de conflit d'intérêts. Il s'agit de la troisième journée de manifestation depuis le début du mois. Le 5 décembre, premier jour de grève, avait vu défiler plus de 800 000 personnes en France. Elles avaient été moins de la moitié le 11 (339 000). Mais, hier et pour la première fois, l'ensemble des syndicats ont manifesté, jusqu'aux plus réformateurs comme la CFDT, avec qui M. Macron pouvait espérer faire adopter sa réforme. Parallèlement, à quelques jours des congés de fin d'année, la grève illimitée se poursuit, notamment dans le métro parisien et les chemins de fer, alors que débute la période des examens pour les étudiants. Des coupures d'électricité dans le sud-ouest et le centre-est ont par ailleurs été revendiquées par le syndicat CGT, qui menace de "coupures plus massives". Selon un sondage Harris Interactive pour RTL et AEF Info, 62% des Français soutiennent le mouvement de grève. Le système de retraite à points voulu par le gouvernement devrait fusionner les 42 régimes existants, dont des régimes spéciaux qui permettent notamment aux conducteurs de train de partir plus tôt. Mais c'est l'ajout à cette réforme d'un "âge d'équilibre" (64 ans en 2027) qui a poussé dans la rue les syndicats favorables à la retraite à points: cet âge vise à maintenir l'équilibre financier du système, chacun pouvant continuer à partir à la retraite à 62 ans, mais avec un malus sur sa pension et un bonus pour ceux partant après.