Au lendemain de l'investiture du président de la République, le hirak fait entendre encore sa voix et s'affirme comme l'unique contre-pouvoir. C'est en somme le message véhiculé par les milliers de Constantinois qui ont marché hier pour le 44e vendredi consécutif depuis le 22 février dernier. Une nouvelle situation à laquelle les manifestants constantinois se sont très vite adaptés en reconsidérant leurs slogans et mots d'ordre sans dévier des aspirations du mouvement citoyen qui bouclera, demain, ses dix mois de mobilisation. Les hirakistes de Constantine ont également rejeté vertement la sanction de la joute du 12 décembre qualifiée de "farce électorale" et, partant, l'intronisation du nouveau président. Aussi, ils entonneront longuement : "Vous ne nous faites pas peur par l'évocation de la décennie noire car nous avons été élevés et avons appris dans la misère", comme pour dire : "Nous ne reculerons devant rien tant que nos objectifs ne sont pas réalisés." Stigmatisé par les marcheurs, le nouveau président devient la cible de prédilection des marcheurs qui ne jurent que par son délogement du palais d'El-Mouradia. Le rejet de l'offre de dialogue faite par le nouveau président a été de nouveau appuyé par les marcheurs. La parade est d'ailleurs tout indiquée pour eux : "Pas de dialogue tant que nos frères sont en prison." Et, à ce titre, ils ont rendu un vibrant hommage aux détenus d'opinion, Lakhdar Bouregâa, Karim Tabbou et Fodil Boumala notamment.