Ce sont des dizaines de milliers de marcheurs qui ont participé, hier, à ce 44e acte de la révolution populaire qui se voulait un virage décisif après le doute semé, durant toute la semaine, par certains acteurs politiques, et aussi du hirak, qui ont commencé à lorgner du côté d'El-Mouradia et qui ont laissé transparaître une nette tentation d'aller prendre langue avec Tebboune. Une tentation que la rue a littéralement balayée hier, du moins à Tizi Ouzou, où la population a rendu un verdict sans appel quant à cette "main tendue" du vainqueur du scrutin du 12 décembre dernier. La marche qui s'est ébranlée, comme à l'accoutumée, à 13h30, du campus Hasnaoua pour se diriger vers la place de la Bougie via le centre-ville, n'a pas tardé à livrer, à travers ses slogans, ses banderoles et ses pancartes, ses deux principaux messages, à savoir le refus de reconnaître Tebboune comme président et le rejet de son offre de dialogue. "Pas de dialogue avec le pouvoir illégitime et maffieux", "Vigilance : ce dialogue, c'est pour en finir avec la révolution", "Main tendue : Allah inoub !", "Non au dialogue qui redonnera la légitimité aux îssabat", "Le seul dialogue possible est le respect de la volonté du peuple", "Dialogue et révision de la Constitution : attention au piège", est-il écrit sur quelques-unes des nombreuses banderoles et pancartes brandies par les manifestants en réponse au dialogue proposé par Tebboune à l'adresse du hirak. Certains n'ont pas hésité à faire dans l'ironie pour tourner au ridicule cette offre. C'est le cas d'une pancarte sur laquelle on pouvait lire : "Vous avez rempli les parrainages aux Emirats, vous avez organisé le scrutin aux Emirats, alors vous n'avez qu'à aller dialoguer aux Emirats." Outre ce rejet, les manifestants scandaient d'autres messages réaffirmant leur détermination à poursuivre la révolution, d'autres encore montraient leur indéfectible attachement à la transition démocratique.