Ce dossier empoisonne la vie des investisseurs. La problématique du foncier industriel reste au centre d'une véritable crise des investissements. Les récentes déclarations du ministre de l'Industrie, quant à l'adoption très prochainement de textes définissant clairement la politique du gouvernement dans ce domaine, n'ont pas rassuré pour autant les investisseurs qui patinent avec leurs projets dont les montants se comptent en millions de dollars. Ainsi, à Oran où les enjeux et les intérêts sont énormes, l'on nous parle de 500 millions de dollars d'investissement qui sont bloqués du fait du coût des terrains industriels. Ce chiffre a été donné, il y a quelques mois, par le wali d'Oran et reste toujours valable aujourd'hui. Parmi ces projets bloqués et que l'on dit structurants, figurent le centre des affaires de la BCIA, un centre commercial, le parc industriel du pont logistique intégré Alicante-Oran, un complexe agroalimentaire, etc. À l'énoncé de ces projets, les regards se tournent vers les Domaines, cible privilégiée au niveau local dès que l'on parle d'entrave à l'investissement et de lenteur bureaucratique. Sous l'effet de pressions multiples, les Domaines se renferment dans une application stricte du marché du foncier et de la réglementation. L'une des “polémiques” entre cette administration et la wilaya a eu lieu lors de l'affectation de terrains à haute valeur, situés en plein milieu urbain, par l'intermédiaire d'un concours d'investissement lancé par le wali il y a de cela un an. Ce concours a permis de retenir sur les assiettes de terrain des projets immobiliers dépassant les 200 millions de dollars. Aujourd'hui, ces projets au nombre de 3 n'ont toujours pas démarré du fait du prix fixé par les Domaines car, de leur point de vue, ces terrains devraient faire l'objet d'une vente aux enchères et rapporter un maximum au Trésor public. Conséquence : aucun acte de propriété n'a été établi, nous dit-on au niveau des Domaines. Or, avec le procédé du concours, cela avait tout l'air de cession de gré à gré, ce dont se défend le wali : “Avec la vente aux enchères, je suis convaincu que ce ne sont pas de véritables investisseurs qui auraient acquis ces terrains. Notre démarche était de faire des projets structurants. Si nous avions voulu gagner de l'argent, on les aurait vendus aux agences foncières.” Pour notre interlocuteur, la seule solution à l'heure actuelle, pour ne pas décourager les investisseurs, reste la concession à des prix compétitifs et attractifs. Une concession accompagnée de garde-fous, par exemple l'acte de concession pourrait être remis en cause si le projet est détourné, et cela afin d'éviter toute spéculation. Pour les Domaines d'Oran, c'est une tout autre approche qui est défendue. Ainsi, pour le directeur des Domaines, beaucoup d'investisseurs ont encore cette mentalité de l'Etat socialiste où l'on peut avoir les choses pour presque rien. “Depuis la nouvelle loi domaniale n°90-30 du 1er décembre 1990, les Domaines pratiquent les prix du marché pour ce qui est du foncier en général… Tous les 6 mois, une analyse du marché est effectuée par nos services. De plus, il y a un classement par zones, appliqué dans la wilaya et qui détermine aussi la valeur des terrains en fonction de leur implantation…”, argumente notre interlocuteur. Quant à savoir si des projets industriels peuvent bénéficier d'avantages en matière d'évaluation, le responsable des Domaines sort le fameux article 51 de la loi de finances de 1998 où il était question de cession au dinar symbolique mais où les textes d'application ne furent jamais promulgués. À son tour, l'intervenant prône le modèle de concession qui serait en soi un avantage que ne veulent pas reconnaître les investisseurs. S'il est certain que bien des projets restent en attente d'une politique claire en matière de foncier industriel, il existe néanmoins au niveau d'Oran des projets qui, ces dernières années, ont pu se réaliser ou sont en voie de réalisation, tels que la minoterie Habor, Castel, Unilever, AK Group, etc. F. B. De janvier à octobre 2002, le Calpi de la wilaya d'Oran a enregistré 20 projets industriels pour un montant d'investissement de 7,8 milliards de DA avec une prévision de 1 630 emplois. Le secteur de l'agroalimentaire prévoit 9 projets pour un coût de 4 354 169 831 DA et 485 emplois. Les services enregistrent 5 projets pour 21 069 584 000 DA et 7 076 emplois. Pour la première fois, le Calpi a accepté des projets du secteur de la pêche. Quatre projets sont ainsi prévus pour un montant de 1 151 385 000 DA et 340 emplois. F. B.