Le voisin tunisien de la Libye, directement touché par la guerre à Tripoli, a initié lundi une nouvelle action politique dans l'espoir de désamorcer la crise dans ce pays, où l'ingérence étrangère a provoqué un climat d'instabilité dans l'ensemble de la région, a-t-on appris des médias locaux. Initiée par le nouveau locataire du palais de Carthage, Kaïes Saïed, une réunion visant à ramener les parties libyennes à la table des négociations a eu lieu à Tunis, avec des membres du Conseil suprême des tribus et des villes libyennes, a rapporté l'agence de presse officielle TAP. La réunion a accouché de la "Déclaration de Tunis pour la paix", que le chef d'Etat tunisien tentera de promouvoir auprès des autres parties libyennes en conflit et auprès des membres de la communauté internationale, impliqués dans le processus politique mais aussi dans le conflit armé en Libye, selon toujours la même source. Le texte en question invite en effet tous les Libyens à "s'asseoir à la table de dialogue dans le but de parvenir à une formule de compromis pour sortir de la crise libyenne actuelle, dans le cadre de l'accord politique libyen et le respect de la légitimité internationale, en passant de cette légitimité à la légitimité libyenne, qui repose sur la légitimité populaire", insistant sur le fait que la solution ne peut être qu'inter-libyenne. Et nul ne peut ignorer le poids, toujours important, des tribus libyennes dans la résolution de la crise en Libye, dans un contexte marqué par une internationalisation des violences armées à Tripoli. "La solution en Libye ne sera que libyenne, sans exclure ni marginaliser aucune partie, quelles que soient ses affiliations politiques ou idéologiques ou la région à laquelle elle appartient, sous le toit d'un système civil, dans un Etat libyen unifié, et en soutenant les efforts de réconciliation nationale globale", indique le texte de cette déclaration, dans laquelle la présidence tunisienne et le Conseil suprême des tribus et des villes libyennes annoncent "la préparation d'une conférence libyenne fondatrice qui comprend toutes les composantes du spectre politique et social, pour adopter une loi de réconciliation nationale complète et organiser des élections législatives, présidentielles et locales libres et équitables". À travers cette conférence, la Tunisie espère jouer un rôle qui lui sied en tant que pays voisin de la Libye, victime d'une ingérence étrangère de plus en plus visible, en l'absence d'un minimum de consensus interne entre les différents acteurs libyens, principalement représentés par le Gouvernement d'union nationale (GNA), dans l'ouest du pays et reconnu par la communauté internationale, et par le gouvernement parallèle de l'Est libyen, établi à Tobrouk. "L'objectif de cette entreprise est de restaurer la sécurité et la stabilité du peuple libyen frère et d'arrêter l'effusion du sang, dans le giron d'un pays unifié où les droits et libertés sont préservés, et la souveraineté du pays et la pleine souveraineté de l'Etat libyen sont respectées", explique le document en question. Mais sur le terrain, on est loin de constater un possible accueil positif de cette initiative tunisienne, annoncée au moment même où l'Allemagne s'affaire, elle aussi, à organiser à Berlin une Conférence internationale sur la Libye, dans le but d'unifier la position et le point de vue des Etats et organisations les plus impliqués dans la crise au niveau international.