Cette haute instance consultative insiste sur la redynamisation du rôle de l'Algérie au plan international, particulièrement en ce qui concerne les dossiers libyen et malien. Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a présidé, jeudi à Alger, au Palais d'El-Mouradia, une réunion du Haut conseil de sécurité (HCS), une instance consultative qui n'a pas été convoquée depuis janvier 2013, date de la sanglante prise d'otages au complexe gazier de Tiguentourine, à In Amenas, au sud du pays. Selon le communiqué de la présidence de la République, répercuté par l'agence de presse officielle (APS), le Haut conseil de sécurité a examiné, dans un premier temps, "la situation dans la région, notamment au niveau des frontières avec la Libye et le Mali". Suite à quoi, ajoute le communiqué, il a été décidé d'"une batterie de mesures à prendre pour la protection de nos frontières et notre territoire national et la redynamisation du rôle de l'Algérie au plan international, particulièrement en ce qui concerne ces deux dossiers, et de manière générale dans le Sahel, la région saharienne et l'Afrique". Ce n'est certainement pas fortuit que cette haute instance consultative insiste dans le communiqué sur la redynamisation du rôle de l'Algérie au plan international, particulièrement en ce qui concerne les deux dossiers libyen et malien. L'instabilité sécuritaire dans ces deux pays, marquée par une forte ingérence internationale, préoccupe Alger depuis plusieurs années déjà. Mais à la lumière des récents développements dans la région, avec notamment l'opération "Takuba" (sabre, ndlr), que la France prévoit de lancer en 2020 au Mali, et la Turquie qui se prépare à déployer des soldats en Libye, les autorités algériennes ont de quoi se préoccuper davantage. L'accord établi récemment par le président Tayep Erdogan avec le Gouvernement d'alliance nationale (GNA) de Tripoli permet à la Turquie d'étendre ses frontières maritimes. Avec également la motion que l'ex-empire ottoman compte faire voter au Parlement, dès janvier 2020, il sera possible à la Turquie d'intervenir militairement sur le sol libyen, pour prêter main-forte au GNA contre les forces menaçantes du maréchal Haftar, soutenu par l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et l'Egypte. Ce sont ainsi deux pôles qui risquent carrément de s'affronter dans un pays déjà en souffrance d'une guerre civile meurtrière qui dure depuis 2011. Devant le risque de la dégradation de la situation à ses frontières, il est tout à fait normal, voire impératif, que l'Algérie, qui a toujours prôné une solution politique dans le cadre d'un dialogue inter-libyen inclusif, anticipe et prenne des mesures de protection. La situation recommande un suivi régulier. Ce que confirme d'ailleurs le communiqué de la présidence de la République, qui a souligné que le président Abdelmadjid Tebboune "a décidé de réunir le Haut conseil de sécurité de manière périodique et chaque fois que nécessaire".