Fidèles aux objectifs du hirak, les Algériens de France continuent à réclamer le départ du système et la mise en place d'une nouvelle république. Au cours du 47e rassemblement parisien hier après-midi sur la place de la Bataille, à Stalingrad (19e arrondissement), les manifestants ont appelé à poursuivre la révolution pacifique afin de consacrer les principes de transition politique revendiqués depuis le début du soulèvement populaire, il y a presque un an. "Rappelez-vous que le peuple s'est d'abord opposé au cinquième mandat de Bouteflika. On l'a dégagé ainsi que son clan. Mais un second clan est aujourd'hui en place. On nous l'a imposé par une élection truquée. À nous de le démanteler en continuant à nous mobiliser", a souligné Abdelkader Rahmani, représentant en France de l'Union pour le changement et le progrès (UCP) de Zoubida Assoul. Intervenant au micro du Collectif Debout l'Algérie, il a profité de l'occasion pour démentir l'intention de l'avocate de dialoguer avec le président Tebboune. Selon lui, le hirak doit néanmoins désigner ses représentants et s'entendre sur une plateforme commune pour atteindre ses objectifs. Les mêmes appels d'union et de cohésion ont été lancés par d'autres intervenants, surtout en direction des collectifs qui militent pour le changement politique depuis la France. Faïza Menaï, qui a participé à la création du Collectif Debout l'Algérie, défend toujours, pour sa part, le projet d'assises nationales qui engloberaient tous les partisans de la transition (partis, organisations de la société civile, personnalités de l'opposition…). "Nous devons nous entendre sur une feuille de route", préconise-t-elle, estimant que le pouvoir veut à tout prix normaliser la situation et neutraliser le hirak. Si telle est l'intention du régime, le message envoyé depuis Paris, par les manifestants algériens, est sans équivoque : "Le peuple ira jusqu'au bout de sa révolution", affichait une énorme banderole. "Il y a une année, personne ne pensait que 2019 serait l'année de la mobilisation. Beaucoup parmi nous avaient perdu l'espoir de voir la majorité silencieuse s'engager pacifiquement avec une telle ampleur, avec une telle dynamique pour un changement démocratique", a fait remarquer un manifestant, considérant, lui aussi, qu'il faut poursuivre la mobilisation "en lui donnant un contenu politique à travers la structuration du mouvement populaire". Les Algériens présents au rassemblement ont également tenu à témoigner leur solidarité avec les détenus d'opinion. Une opération de collecte d'argent au profit des familles des personnes encore incarcérées a été lancée la semaine dernière. Un peu plus de 4 000 euros ont été collectés, dont 700 euros hier. Il est à noter que le rassemblement des Algériens de la région parisienne a été déplacé à Stalingrad à la demande de la préfecture de police de Paris. La place de la République où ils avaient l'habitude de se regrouper était hier quadrillée par la police, en raison des manifestations syndicales contre la réforme du régime des retraites en France.