Aujourd'hui, tous les regards seront braqués sur la Cour d'appel d'Oran devant laquelle le militant des droits de l'Homme, Kaddour Chouicha, comparaîtra pour répondre des accusations d'offense au président de la République, selon l'article 144-bis du code pénal, outrage et violences à fonctionnaires de l'Etat (art. 144) et exposition au regard du public de documents de nature à nuire à l'intérêt national (art. 96). Ces chefs d'inculpation lui ont valu d'être condamné à une année de prison ferme par le tribunal correctionnel de Cité Djamel, le 10 décembre 2019, à deux jours de la Présidentielle du 12/12. Quelques jours après l'énoncé du verdict, Kaddour Chouicha a fait appel de sa condamnation par l'entremise de l'un des avocats du collectif de défense du hirak d'Oran, Me Farid Khemisti. Le 23 décembre, un autre avocat, Me Ahmed Mebrek, annonçait que le procès en appel venait d'être fixé au 7 janvier 2020. Pendant ce temps, la santé du vice-président de la Laddh se dégradait en raison des mauvaises conditions de détention dans la prison de M'dina J'dida. Son épouse et son fils Adel ont multiplié les alertes à travers les réseaux sociaux autour de la santé inquiétante du détenu de 63 ans. Kaddour Chouicha qui souffre de maladies chroniques (hypertension artérielle et problèmes cardiaques), risque sa vie, selon Mme Chouicha qui a interpellé "toutes les autorités algériennes (…) ainsi que les organisations nationales et internationales de défense des droits de l'Homme" pour son transfert en urgence dans une unité de soins adéquate et pour sa remise en liberté. Ce qui sera fait, quelques jours avant sa remise en liberté provisoire, une nuit où il avait été transféré aux urgences du CHU d'Oran pour un pic de tension. Le 7 janvier, c'est un Kaddour Chouicha visiblement très fatigué qui a comparu devant la cour d'appel d'Oran, entouré de nombreux avocats venus de plusieurs barreaux du pays pour assurer sa défense. N'ayant pas eu le temps d'étudier le dossier, le président d'audience a annoncé le report du procès au 28 janvier. Le collectif de la défense a immédiatement introduit une demande de remise en liberté provisoire pour des raisons de santé, requête à laquelle le parquet ne s'est pas opposé. Après quelques minutes de délibération, le tribunal a accordé la remise en liberté qui a été accueillie par des cris de joie des proches et amis de l'accusé. Kaddour Chouicha a finalement passé 28 jours dans une prison dont il souhaitera la démolition parce que ne présentant pas "les conditions adéquates de détention et de travail dignes de l'être humain". Samir Ould Ali