Les premières élections pluralistes égyptiennes donnent, d'ores et déjà, Moubarak, candidat à sa succession pour la cinquième fois consécutive, gagnant. Ce ne sont pas ses rivaux qui risquent de le planter, soigneusement choisis par la commission de validation pour leur anonymat. En outre, cette première élection d'un président égyptien au suffrage universel direct, le 7 septembre, se fera sans observateurs. Dès son annonce, Moubarak a rejeté les demandes de supervision internationale, affirmant que son pays n'a pas à lésiner sur une question de souveraineté et qu'il disposait d'organismes locaux capables de superviser les élections, dussent-elles être une nouveauté. La Commission électorale refuse même de permettre aux ONG égyptiennes de poster des observateurs dans les bureaux de vote, plusieurs d'entre elles ont déposé une plainte contre elle devant une cour administrative pour obtenir la levée de cette interdiction. Les seuls observateurs officiellement autorisés sont les magistrats, mais ces derniers doivent décider le 2 septembre de leur participation ou pas au scrutin, car eux aussi réclament des garanties de transparence. Le parti au pouvoir, le Parti national démocrate (PND), assure, cependant, que le scrutin sera supervisé à 100% par des magistrats. Le syndicat des magistrats n'a cessé de monter au créneau sur cette question mais le PND a espoir de trouver des magistrats favorables à Moubarak, d'autant qu'en Egypte la justice est au service du régime. Si des magistrats venaient à faire faux bond, ils seront remplacés par tout employé d'une institution judiciaire, selon la définition donnée par la Cour constitutionnelle suprême d'un juge scrutateur. Le juge Ahmad Mekky, vice-président de la Cour de cassation, affirme, cependant, que cette interprétation est contraire aux règles juridiques. Selon lui, la tradition de fraude électorale dans le pays nécessite une supervision de vrais juges pour le scrutin présidentiel. La commission électorale a pris les devant en confiant à un centre la formation de scrutateurs, qui seront postés devant les bureaux de vote. L'opposition et les ONG égyptiennes dénoncent cette entreprise, jugeant que ne sont éligibles à la formation que des proches du régime. L'opposition, qui ne participe pas à ces élections, ne se fait pas d'illusion. D. B.