Après deux reports, la cour d'appel de Mostaganem s'est prononcée sur le dossier des 17 hirakistes jugés le 10 février dernier pour outrage à fonctionnaires, attroupement non armé et incitation à attroupement. Elle a prononcé la relaxe quant aux deux premiers chefs d'accusation, mais a reconnu les accusés coupables d'incitation à attroupement et les a condamnés à deux mois de prison ferme. Interpellés dans la soirée du 23 novembre 2019 à l'occasion d'une marche nocturne contre l'organisation de l'élection présidentielle, les 17 inculpés avaient été condamnés par le tribunal correctionnel à des peines allant de quatre mois à une année de prison ferme. Pour l'accusation, les manifestants avaient perturbé la circulation automobile, semé le désordre et porté atteinte à l'Autorité nationale indépendante des élections (Anie). Lors du procès en appel, le procureur de la République avait réclamé l'aggravation des peines prononcées en première instance, tandis que les accusés avaient rejeté les accusations qui étaient portées contre eux. "Lorsque la police est venue nous disperser, nous sommes allés, chacun de son côté, et c'est à ce moment-là que les interpellations ont été opérées. Nous étions près de 180, ils ont arrêté ceux qu'ils considéraient comme étant les meneurs", a expliqué un des manifestants en assumant son appartenance au hirak "qui est un droit et un devoir national" et en assurant son intention de continuer à manifester au risque d'être emprisonné. D'autres accusés ont indiqué avoir été "embarqués" par erreur, alors qu'ils n'avaient pas pris part à la manifestation anti-vote. Les avocats de la défense ont plaidé la relaxe en dénonçant l'absence de preuves soutenant les accusations retenues contre leurs mandants qui, ont-ils insisté, sont "sortis pour lutter pacifiquement pour une Algérie meilleure". Indignés par ce verdict, au même titre que les citoyens et hirakistes venus les soutenir, les accusés ont annoncé leur intention de se pourvoir en cassation. Jeudi prochain, le tribunal correctionnel de Mostaganem devra rendre son verdict dans le procès qui s'est déroulé le 22 février dernier, dans lequel 23 personnes avaient été jugées pour attroupement non armé, incitation à attroupement et entrave au déroulement normal des opérations électorales. Le procureur de la République a requis six mois de prison ferme contre les accusés qui comparaissaient libres.