C'est à l'occasion d'une rencontre organisée par la Fondation Boudiaf qu'ont été remémorés l'engagement, l'abnégation, le courage, la persévérance et la rigueur militante de Sid Ali Abdelhamid, membre du bureau politique du PPA/MTLD et l'un des premiers fondateurs du Comité révolutionnaire d'unité et d'action (CRUA) avec Mohamed Boudiaf, Hocine Lahouel et Dekhli Mohamed, dit Bachir. "La reconnaissance est la mémoire du cœur", Hans Christian Andelsen. C'est le samedi 15 février 2020 que la Fondation éponyme Mohamed-Boudiaf a célébré en son siège un hommage de reconnaissance à l'endroit du doyen du Mouvement national Sid Ali Abdelhamid, âgé aujourd'hui de 98 ans, dont le prestigieux parcours militant vient d'être transcrit, avec la collaboration de Hamid Tahri, auteur-journaliste, à travers un ouvrage publié récemment aux éditions Dahlab sous le titre éloquemment expressif Ce que j'ai vécu. Une rencontre intensément chaleureuse au ressourcement de la mémoire de l'histoire en ce lieu d'une symbolique évocatrice où le portrait vivace d'historicité de l'immense Mohamed Boudiaf scrute ses visiteurs avec la solennité de son habituel rictus et de son regard attendri et interrogateur, empreint d'amour culte éternel pour l'Algérie qui était le fondement de sa raison d'être. Accueillie par son fils et président de la fondation, Nacer Boudiaf, la nombreuse assistance présente à l'événement s'est retrouvée transposée dans une heureuse symbiose de l'histoire au souvenir de l'illustre Si Tayeb El-Watani et de ses proches compagnons de lutte, à l'image de Sid Ali Abdelhamid. A également été remarquée en la circonstance la présence de militants de la première heure du Mouvement national tels que Moundji Zine El-Abidine et Dr Benaouda, complétée par la moudjahida Zoubida Amirat, l'épouse du célèbre fidaï Slimane Amirat qui a fatidiquement rendu l'âme à la vue du cercueil de Mohamed Boudiaf, terrassé par un choc foudroyant. Lui qui fut un de ses compagnons de lutte ne pouvait survivre au drame d'un horrible parricide dont la déchirante affliction l'a aussi emporté. On pouvait aussi distinguer parmi l'assistance Smaïl Lalmas, économiste de notoriété, et Mustapha Larfaoui, ex-président du Comité olympique algérien, pour ne citer que ceux-là. Ont tenu par ailleurs à participer à cette liesse de la mémoire un relais filial et générationnel des militants de renommée aujourd'hui disparus, à l'instar de Karim Hadanou, fils du moudjahid de référence Ahmed Hadanou dit "El Caba" de l'ex-Belcourt (Belouizdad actuellement), de Mohamed Zaâf, fils de Rabah dit "Deuxième", un militant d'un courage et d'une témérité exemplaires chargé de la protection et de la sécurité des dirigeants nationalistes de premier plan à La Casbah, et de Abdenour Chergui, fils du moudjahid Brahim Chergui, responsable politique de la Zone autonome d'Alger. Après les souhaits de bienvenue à l'assistance, Nacer Boudiaf a développé le prodigieux et fécond parcours de Sid Ali Abdelhamid qui, très jeune, a rejoint, par la prédilection de ses profondes convictions, les rangs du PPA/MTLD, le parti exclusivement indépendantiste dont la vocation fondamentale s'articulait autour de la libération de l'Algérie du joug colonialiste barbare de plus d'un siècle de domination et d'assujettissement de la nation algérienne. Sid Ali Abdelhamid : membre du bureau politique du PPA/MTLD et un des premiers fondateurs du CRUA Avec engagement, abnégation, courage, persévérance et rigueur militante, Sid Ali Abdelhamid gravit tous les échelons de la hiérarchie organique pour devenir membre du bureau politique du PPA/MTLD et l'un des premiers fondateurs du Comité révolutionnaire d'unité et d'action — CRUA — avec Mohamed Boudiaf, Hocine Lahouel et Dekhli Mohamed, dit Bachir. Une ascension laborieuse d'une militance d'exemplarité qui s'est illustrée en actions de résistance, de lutte et de combat ininterrompu jusqu'à l'indépendance de l'Algérie, ressuscitée du long naufrage de la nuit coloniale. Sollicité, en dépit de sa déficience vocale, Sid Ali Abdelhamid, en doyen du Mouvement national indépendantiste, a, avec concision, synthétisé l'épopée nationaliste du peuple algérien. Il a tenu à rappeler avec nostalgie une anecdote d'amitié fraternelle avec Mohamed Boudiaf, qui l'a désigné en témoin tuteur proche et intime pour accomplir la traditionnelle cérémonie de son mariage en 1951 avec la sœur d'un militant de La Casbah et dont la dot a été fixé par Sid Ali Abdelhamid lui-même à 30 000 francs de l'époque. Moment d'émotion perceptible auprès de Nacer Boudiaf et de l'assistance, vivement remerciée par Sid Ali Abdelhamid pour son enthousiaste présence en nombre, qui par là même a tenu à féliciter la Fondation Boudiaf et l'Association des amis de la rampe Louni-Arezki, Casbah, pour les efforts investis au succès de cette conviviale rencontre du souvenir. Un instant de bonheur ponctué par une salve de stridents youyous poussés à pleine gorge par des femmes ravies par l'euphorie d'une ambiance exceptionnelle de retrouvailles au ressourcement de la mémoire et de l'histoire. PPA/MTLD : une grande école de résistance Pour avoir lu l'ouvrage Ce que j'ai vécu, qui est une brillante narration des mémoires autobiographiques de Sid Ali Abdelhamid, l'auteur de ces lignes a été subjugué de redécouvrir, à travers les différentes étapes de l'histoire du PPA/MTLD, une grande école juvénile de nationalisme, dont la trame idéologique indépendantiste s'enracinait avec l'ardeur de la reconquête de la souveraineté de l'Algérie par l'acte vital de la libération de la patrie de l'occupation colonialiste française de déni d'humanité. Une vision rédemptrice de défi à l'avilissement de l'infâme code de l'indigénat à dessein de la renaissance de la grandeur et de la dignité de la nation algérienne dans le pays civilisationnel de ses ancêtres. Cela, dans un contexte politique d'une domination coloniale d'exclusion et de répression où l'option indépendantiste était celle d'une génération de militants lucides, réalistes et courageux animés par une foi inébranlable en une lutte implacable pour la libération de l'Algérie. Devenue légendaire pour ses convictions, son engagement, son combat perpétuel dans la temporalité et ses sacrifices, cette génération a suscité l'adhésion massive et unanime du peuple algérien, en faveur duquel l'histoire a tranché par le triomphe de la Révolution algérienne et de l'Indépendance victorieusement arrachée après 132 années de déni d'existence d'une colonisation ségrégationniste de peuplement. Une génération légendaire animée par un amour viscéral de l'Algérie L'exemplarité de cette génération militante qui est celle de Sid Ali Abdelhamid relève d'une particularité phénoménale pour son endurance, sa ténacité, son abnégation exceptionnelle et ses sacrifices durant de longues décades face à des épreuves terribles d'anéantissement par un colonialisme génocidaire, bourreau, criminel du martyrologe des sinistres enfumages du Dahra et des massacres du 8 Mai 1945 de Sétif. Toutes ces ressources de lucidité, de perspectives, d'énergie, d'engagement, de motivation, de sacrifices étaient génétiquement générées par une foi d'un amour viscéral de l'Algérie chevillé au corps et à l'âme de cette vaillante génération dont le modèle doit constituer un repère phare pour la jeunesse et les descendances futures en une réappropriation d'un legs précieux des valeurs d'algérianité à perpétuer en direction de la trajectoire de l'avenir dans ses cycles des âges et du temps.
Par : Lounis AIT AOUDIA président de l'Association des amis de la rampe Louni-Arezki Casbah-Alger