Les avocats Mes Houali et Salim Chaït ont annoncé, ce jeudi, que leur plainte, déposée il y a plusieurs mois, contre la députée Naïma Salhi pour "incitation à la haine raciale et appel au meurtre" est enfin prise en considération. Les plaignants ont répondu, le 3 mars, à une convocation à la brigade de recherche du groupement de gendarmerie de la ville de Chéraga, où ils ont appris que le motif de la convocation est la plainte qu'ils avaient déposée contre la députée. L'officier qui les a reçus, après avoir accompli les procédures d'usage dont la vérification de la filiation des avocats, les a entendus décliner les griefs reprochés à la présidente du Parti pour l'équité et la proclamation (PEP). "Après plus de huit mois d'attente où notre plainte (déposée le 9 juin 2019 au tribunal de Boumerdès) était perdue entre deux juridictions, l'instruction est enfin engagée contre cette délinquante politique qui ne cesse de faire parler d'elle, malgré la fermeture de ses deux pages officielles", ont précisé les juristes dans un communiqué rendu public jeudi. "Nous souhaiterions que la procédure se poursuive pour aboutir à un procès que nous espérons équitable. Nous tenons à rappeler que le racisme n'est pas une opinion, mais un délit passible de justice, et nous ne ménagerons aucun effort pour en traduire les promoteurs devant les tribunaux", ont-ils poursuivi, déterminés à aller jusqu'au bout de leur démarche. Pour le rappel, Naïma Salhi n'a eu de cesse, pendant des mois et au cœur de la révolution citoyenne, de distiller, par le truchement des interventions filmées postées sur ses comptes sur les réseaux sociaux, des propos haineux contre les hirakistes, mais particulièrement contre tout ce qui incarne la Kabylie et l'amazighité dans un sens plus large. En janvier dernier, elle s'est attaquée à la généralisation de l'enseignement de tamazight. "Des parties occultes veulent imposer ce dialecte à tout un peuple, au détriment de sa volonté", a-t-elle lancé. Elle a poussé l'outrecuidance jusqu'à dire qu'elle ne permettrait jamais à ses enfants de l'apprendre. "Ma fille n'étudiera jamais le dialecte (amazigh), ça ne va pas ?" a-t-elle dit avec dédain dans une vidéo qui a scandalisé l'opinion publique. Quelques mois plus tôt, elle s'en était prise à Djamila Bouhired, à laquelle elle reprochait son engagement dans le mouvement citoyen : "Durant la Révolution, il y a des gens qui ont été créés et on a fait d'eux des héros, comme Djamila Bouhired qui soutient les zouaves contre l'Armée nationale populaire novembriste." Elle n'a pas épargné, non plus, le moudjahid Lakhdar Bouregâa, alors en détention préventive à la prison d'El-Harrach. Elle l'a accusé d'intelligence avec l'étranger et a jeté la suspicion sur son passé révolutionnaire. Il reste à savoir si les députés consentiront à voter pour la levée de l'immunité parlementaire à leur collègue si le département de la Justice en fait la requête.