Ce sont des milliers de manifestants qui ont pris part, hier, dans les rues de Béjaïa, à la marche de la communauté universitaire et de la société civile. Malgré le nombre peu important des étudiants, une forte mobilisation a caractérisé le 55e acte. Ce n'est pas par hasard si le principal slogan scandé par les manifestants, indépendamment des carrés qui se sont mis en place, est cet engagement : "Nous jurons que nous ne nous arrêterons pas." Ils ont promis aussi de demeurer unis et mobilisés jusqu'au "départ du système et de ses symboles". Il y a lieu d'indiquer que bien avant 10h, plusieurs dizaines de personnes, des retraités majoritairement, ont commencé à se regrouper sur l'esplanade de la maison de la culture Taos-Amrouche. Et ce n'est que vers 11h15 que le gros carré des étudiants, des enseignants et d'ATS des deux campus universitaires est arrivé au niveau d'Amriou, le premier point de ralliement depuis le campus de Targa Ouzemour. C'est le moment choisi aussi par les différents groupes, composés de syndicats autonomes, du Snapap en particulier, mais aussi de la société civile, du Pacte pour l'alternative démocratique (PAD) et des citoyens lambda, pour quitter graduellement le lieu de rassemblement et avancer en laissant le soin au gros carré de la communauté universitaire d'arriver en queue du cortège. Et au fur et à mesure, les rangs de la procession grossissaient car d'autres manifestants, stationnés tout au long de cet itinéraire, long de quelque trois kilomètres, ne manquaient pas de rejoindre la marche. C'est le cas notamment dans des quartiers de Daouadji, de la cité Nacéria, du siège de la wilaya et de la place de la liberté d'expression Saïd-Mekbel. Durant cette marche, les manifestantes et les manifestants ont scandé les slogans habituels du hirak : "Pour une République démocratique et sociale", "Pour un Etat de droit et un Etat civil" ; "Etat civil et non militaire". Les protestataires ont insisté, lors de cette 55e journée de mobilisation, sur "Dawla madania, machi âaskaria" (Etat civil et non militaire" avant de s'en prendre aux généraux, qui refusent, selon eux, aux Algériens de vivre dignement dans leur pays. Occasion pour eux de scander : "Y en a marre des généraux" ou encore "Généraux à la poubelle. Indépendance pour l'Algérie" et "Pouvoir assassin". Les manifestants continuent à réclamer l'instauration d'un Etat de droit où régnerait la justice et cesserait la "justice du téléphone" et où les journalistes pourraient exercer librement leur métier, allusion sans doute à Khaled Drareni, arrêté lors de la manifestation de samedi dernier à Alger. "Une presse libre, une justice indépendante. Etat civil non militaire." Les protestataires n'ont pas omis, à l'occasion du 55e acte, d'exiger la libération des détenus politiques et d'opinion, en témoignent les portraits de Karim Tabbou, le coordinateur de l'Union démocratique et sociale (UDS, un parti non agréé), et d'Abdelouahab Fersaoui, le président du Rassemblement Actions Jeunesse (RAJ).