La crise sanitaire a imposé le confinement d'une partie importante de la population, provoquant le blocage de secteurs entiers de l'activité économique. Ce blocage va induire, inévitablement, des pertes significatives de revenus pour les entreprises mais surtout pour une partie importante de la population, notamment les employés relevant du secteur informel, estimés à 6 millions de personnes sur les 7 millions travaillant dans le secteur privé. Face à cette situation, le Cercle d'action et de réflexion autour de l'entreprise (Care) a plaidé pour une aide financière qui soit distribuée aux citoyens dans le besoin. Et si le pays devait décider d'adopter cette solution, le cercle de réflexion Care anticipe en se penchant sur la problématique de l'acheminement de cette aide. Selon Care, le défi est celui d'inventer, en s'appuyant sur les technologies éprouvées et déjà existantes, les mécanismes de transferts sociaux opérationnels qui font aujourd'hui défaut. En l'absence de mécanismes pour transférer des fonds aux citoyens dans le besoin, et face à la situation sanitaire qui plaide pour favoriser un mode de distribution et d'utilisation des fonds sans contact physique afin d'éviter les risques de contamination, les experts de Care le M-paiement, estimant qu'il faut capitaliser le développement de la téléphonie mobile et l'architecture déjà existante des transferts de crédit téléphoniques. Pour ce faire, le cercle de réflexion Care s'est penché sur la démarche à suivre pour développer cette solution. Il s'agit, en premier, de la création d'une page web afin que les travailleurs informels puissent postuler à des aides. Les critères d'éligibilité et d'exclusion devront être définis par le gouvernement. Mais la procédure d'éligibilité devrait être aussi simple que possible. Cela va permettre la mise en place d'une base de données des bénéficiaires contenant un couple unique composé du numéro de la carte d'identité nationale et d'un numéro de mobile. Les transferts de fonds de l'Etat à destination des bénéficiaires sont opérés via les opérateurs mobiles, proportionnellement au nombre de bénéficiaires par opérateur. En résumé, il s'agit de s'appuyer sur le réseau en place de distribution des crédits téléphoniques en utilisant sa fonction d'accès direct à l'ensemble des citoyens à travers tout le territoire national (la pénétration de la téléphonie mobile étant de l'ordre de 120%). Care précise que certains aspects techniques devront être pris en charge par les opérateurs tels que le relèvement du plafond de transferts de crédit et éventuellement des serveurs à mettre en place, de sorte à supporter le nombre de transactions qui devraient augmenter. Il ajoute, par ailleurs, qu'afin de contrôler l'usage des fonds par les opérateurs téléphoniques, les avoirs alloués par l'Etat seront mis sur des comptes écrous, sous la surveillance de la Banque d'Algérie. Un tel mécanisme de paiement pourrait être mis en place rapidement pour parer aux besoins des individus ayant perdu leur revenu du fait du confinement, si les pouvoirs publics s'y employaient rapidement, estiment les experts de Care. Saïd Smati