L'idée, selon CARE, serait de «solliciter, sur une base progressive, les revenus supérieurs à la moyenne du salaire national». Si le gouvernement a pris la décision de libérer la moitié des employés de la Fonction publique, tout en maintenant le versement de leurs salaires, et de faire bénéficier les personnes des entreprises publiques de la même décision, d'autres catégories se retrouvent aujourd'hui sans ressources financières. Ils sont en effet nombreux les employés à perdre leur unique source de revenu en cette période de confinement. La situation sera difficile à supporter pour des milliers de familles, au-delà d'une certaine période de confinement. Le Cercle d'action et de réflexion autour de l'entreprise (CARE), dans une réflexion rendue publique à cet effet, a tiré la sonnette d'alarme et émis des propositions. Ces dernières se résument en deux solutions potentielles. La première à travers une contribution de solidarité de l'ensemble des employés sur le territoire national, ceux qui perçoivent aujourd'hui cette rémunération. L'idée, selon CARE, serait de «solliciter, sur une base progressive, les revenus supérieurs à la moyenne du salaire national. L'appel aux contributions volontaires des citoyens devrait rester totalement ouvert». Comme deuxième option, le Cercle suggère le recours, de manière exceptionnelle, au financement non conventionnel par création de monnaie. «Un recours modeste qui, pour une fois, se justifierait amplement dans la mesure où il correspond à ce qui est pratiqué aujourd'hui dans un grand nombre de pays, développés ou en développement, qui sont confrontés aux mêmes effets de cette crise sanitaire mondiale.» Par ailleurs, pour garantir l'efficacité de l'opération et la rapidité de sa mise en œuvre, il est proposé le système déclaratif, fondé sur la confiance et la solidarité dans lequel la fraude pourrait être limitée par l'affichage transparent des listes de bénéficiaires, avec au préalable la définition des critères d'éligibilité. Il s'agit aussi de penser aux mécanismes de distribution pour arriver à construire un système afin d'apporter une aide aux travailleurs et aux familles économiquement affectés par le confinement, notamment pour le versement. A ce sujet, CARE propose de s'appuyer sur le réseau en place de distribution des crédits téléphoniques, en utilisant sa fonction d'accès direct à l'ensemble des citoyens à travers tout le territoire national. Ce qui s'annonce compliquer. Mais, c'est déjà un pas avec le lancement d'une telle réflexion. «La résilience de la population va être mise à rude épreuve au-delà d'un mois de confinement, d'inactivité et d'assèchement progressif de ses revenus», prévient le Cercle dans la démarche proposée, appelant les pouvoirs publics à mettre en œuvre sur le terrain leurs engagements à venir en aide aux familles nécessiteuses «dans les délais les plus brefs possibles». Avec 7 millions de personnes employées par le secteur privé sur 11,3 millions (selon les chiffres de l'Office national des statistiques de mai 2019), on se retrouve avec 62% des effectifs chez les privés. Cependant, une bonne partie occupe des emplois précaires (informel notamment), même si les données ne sont pas disponibles à cet effet. Ce qui accentue la gravité de la situation et souligne l'urgence de mettre en place un dispositif particulier. Prenant comme base un taux de 70% des personnes employées touchées par les difficultés, CARE estime la population à soutenir financièrement à quelque 5 millions d'employés. «Avec, par exemple, une aide forfaitaire mensuelle de 10 000 DA, qui serait consentie durant trois mois, à cette catégorie de la population, on aboutit à une prévision de l'impact budgétaire pour un montant global de 150 Mds de dinars», analyse le Cercle. Pour mettre une telle mesure en pratique, «il reste un double écueil à surmonter : d'une part celui de son financement et, d'autre part, celui du ciblage d'une population que les statistiques et le système d'information publics ont des difficultés à saisir», explique encore CARE pour illustrer la complexité de la prise en charge d'une telle question et la nécessité de recourir aux solutions préconisées plus haut.