L'explosion des chiffres de la pandémie montre que la situation sanitaire semble échapper aux instruments de contrôle et de surveillance mis en place par les autorités sanitaires. La crise sanitaire actuelle induite par la pandémie de coronavirus exige, selon toute vraisemblance, de nouvelles décisions politiques. D'autres décisions pratiques s'imposent plus que jamais pour espérer faire aboutir la stratégie mise en branle. Les quatre mois d'expérience et de stratégie de lutte n'ont pas, semble-t-il, suffi pour parvenir à faire bouger les lignes rouges de la chaîne de transmission du Covid-19. Ni le durcissement des mesures de coercition contre les transgresseurs des mesures barrières préventives, encore moins l'approche sanitaire adoptée pour gérer la crise, n'ont réussi à ce jour à faire inverser la tendance haussière. La nouvelle approche du chef du gouvernement, Abdelaziz Djerad, basée sur l'implication des autorités locales dans la gestion de la crise, est mise en application par le wali de Sétif qui a décrété à partir d'aujourd'hui, mercredi, un reconfinement local partiel pour 18 communes fortement touchées par la pandémie. Les médecins des EPH de Sétif ne cessent de lancer d'ailleurs des SOS depuis la mi-juin. "Une mesure prise en retard. Les hôpitaux sont saturés, des malades sont refusés faute de lits", alertent des praticiens d'Aïn El-Fouara. La tendance haussière de l'épidémie est devenue une réalité quotidienne dans plusieurs wilayas. Pis encore, elle est plutôt ponctuée par des pics successifs de contamination jamais enregistrés. Chaque bilan épidémiologique fait et annoncé est marqué par un nouveau record de contagion. L'instance de suivi de l'évolution de la pandémie a, d'ailleurs, indiqué hier de nouveaux chiffres parlants et qui font craindre le pire. Le décompte final des contagions jusqu'à hier était de 16 879 cas positifs, en y ajoutant le pic d'hier de 475 nouveaux porteurs du virus confirmés par la PCR. Les décomptes des malades testés probables positifs avec le scanner ne sont plus rendus publics depuis plus d'une semaine. Le dernier comptage par l'outil radiologique était de plus de 30 000 personnes infectées et mises sous chloroquine. L'explosion des chiffres de la pandémie montre, on ne peut mieux, que la situation sanitaire semble échapper aux instruments de contrôle et de surveillance mis en place par les autorités sanitaires. Les tableaux épidémiologiques communiqués ces derniers jours dévoilent l'ascension inquiétante des courbes graphiques de l'épidémie dans plusieurs wilayas du pays et même dans les régions deconfinées, et qui ne sont plus soumises au couvre-feu aménagé de 20h au lendemain 5h du matin. Cette hausse "exponentielle" fait craindre un retour à la case départ aux personnels soignants. Ces soldats en blouse blanche disent qu'ils font face, chaque jour que Dieu fait, à un nouveau lot de patients testés positifs. Alors que les moyens de prise en charge et d'hospitalisation s'amenuisent jour après jour en raison de l'augmentation du nombre de personnes infectées par le Covid-19. Les soignants déplorent, d'ailleurs, la pénurie "chronique" des tests et la saturation quotidienne des hôpitaux. Malgré ce tableau affligeant, les soignants, même épuisés, continuent à se présenter chaque matin à l'hôpital pour s'acquitter de leur mission, et ce, au péril de leur vie. Ils ont déjà payé un lourd tribut. Le nombre de victimes parmi le corps médical est passé depuis hier à 28 en ajoutant les deux praticiens décédés hier dans la wilaya de Biskra ; un médecin orthopédiste et un spécialiste en endocrinologie. Le nombre de personnel médical et paramédical contaminé augmente chaque jour. "Nous enregistrons une moyenne de 5 soignants contaminés par jour", déplorera un médecin exerçant dans un CHU d'Alger.