Le ministre des Affaires étrangères n'a pas caché "son optimisme" quant à l'amélioration des relations entre les deux capitales. Il est établi qu'en raison des pesanteurs historiques et du contentieux mémoriel, les relations algéro-françaises sont épisodiquement marquées par des turbulences. En témoignent les récentes polémiques autour de la diffusion de deux films sur le Hirak et l'intervention d'un expert sur une télé française qui n'ont pas été du goût d'Alger, qui n'a pas hésité à rappeler son ambassadeur en France et à convoquer l'ambassadeur français en Algérie. Mais depuis quelques semaines, particulièrement depuis le rapatriement des crânes de résistants algériens, les relations semblent plutôt détendues entre les deux capitales, comme l'illustrent les entretiens accordés par les responsables algériens aux médias français et les échanges téléphoniques fréquents entre Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron. Des gestes sans doute qui préfigurent d'un réchauffement des relations et qui seront probablement ponctuées par une prochaine visite d'Abdelmadjid Tebboune dans l'Hexagone, comme l'a laissé entendre le chef de la diplomatie algérienne, Sabri Boukadoum. "Nous n'avons pas de date pour des raisons simples, c'est la Covid-19. On devait faire énormément de visites avec la France et d'autres pays amis, mais cela a été décalé pour des raisons sanitaires. La visite du Président est dans nos plans ; elle doit intervenir après une préparation que nous avons déjà décidée avec mon homologue français et d'autres niveaux de responsabilité, y compris au niveau des deux Premiers ministres. On l'espère dès qu'on sortira de cette pandémie", a révélé mardi Sabri Boukadoum dans un entretien accordé à la chaîne d'information en continu France 24. Le ministre des Affaires étrangères n'a pas caché "son optimisme" quant à l'amélioration des relations entre les deux capitales d'autant, selon lui, que les deux Présidents entretiennent d'"excellentes" relations et que le travail sur la question de la mémoire, qui envenime souvent ces relations, est confié désormais à deux "professionnels", Benjamin Stora, du côté français, et Abdelmadjid Chikhi, du côté algérien, pour "dépasser l'aspect politicien". "Nous souhaitons les meilleures relations possibles avec la France. Je le dis de la manière la plus claire et la plus sincère. Il est clair que l'aspect historique a sa particularité dans la relation entre l'Algérie et la France pour des raisons évidentes et que tout le monde connaît. Je note franchement, avec une très grande satisfaction, que les relations personnelles entre les Présidents Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron sont excellentes. Donc, ça prête à l'optimisme", s'est réjoui Sabri Boukadoum. "La question de la mémoire est très importante pour les Algériens, on ne peut pas l'effacer (...) J'espère que les questions de mémoire entre professionnels pourront dépasser l'aspect, disons politicien ou d'utilisation. Nous voulons des relations apaisées qui tiennent compte de cette histoire et que nous allions de l'avant. Il y a les archives, les explosions nucléaires. Il y a eu quelque chose de positif (rapatriement des crânes) et j'espère que cela ouvrira la voie à d'autres gestes et à d'autres mesures", a-t-il dit. Référendum sur la Constitution : un lien entre le passé et l'avenir Sur un autre registre, Sabri Boukadoum n'a pas manqué de s'exprimer sur la révision de la Constitution dont le référendum est fixé au 1er novembre prochain, un choix loin d'être "innocent". "Ce n'est pas innocent, c'est le lien entre le passé et l'avenir ; cette Algérie nouvelle qui a ses racines dans le déclenchement de la Révolution algérienne. Ce sera le symbole de cette nouvelle Algérie que le peuple décidera", a-t-il commenté. Interrogé sur l'ouverture des frontières, Sabri Boukadoum a indiqué que la décision revient au comité scientifique qui recommande des mesures au gouvernement selon les données et suivant ses propres critères. Il a exprimé, par ailleurs, son souhait d'une "transition la plus courte possible" au Mali en considérant que l'accord de paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d'Alger, comme étant "la meilleure voie pour régler les problèmes notamment au nord du pays". Quant à la question libyenne, il a réitéré la vision de l'Algérie concernant son règlement dont notamment la cessation de la livraison d'armes aux diverses factions et la nécessité de dialogue entre les parties libyennes. "Nous avons discuté de la Libye, présenté encore une fois la démarche et les principes qui guident l'Algérie, pays voisin de la Libye qui est extrêmement important pour nous, pour notre sécurité et notre avenir. Nous avons eu une très bonne écoute à tous les niveaux, je crois qu'ils nous suivent dans notre vision de ce que doit être la Libye", a-t-il rappelé en évoquant ses récentes discussions avec les dirigeants turcs, un des acteurs dans le dossier libyen.