Au petit village d'Ighil Mouhou, la tristesse et l'indignation se lisaient sur tous les visages que nous croisions. Les habitants n'arrivent toujours pas à se remettre du drame de la veille, vendredi, lorsque, après d'intenses recherches menées depuis mardi soir, le corps du petit Yanis, âgé à peine de 4 ans, a été découvert sans vie à quelques centaines de mètres du domicile familial. En dépit du froid glacial de la matinée d'hier, à l'entrée de ce village, situé à sept kilomètres à l'ouest du chef-lieu d'Aït Yahia Moussa, une commune relevant de la daïra de Draâ El-Mizan, dans la wilaya de Tizi Ouzou, des centaines de personnes affluaient encore, dans un silence absolu, vers la maison des Hassani pour présenter leurs condoléances aux parents endeuillés et tenter de les consoler après ce drame. Devant le pâté de maisons d'Ighil Mouhou, des tentes ont été dressées pour servir d'abri en cas de pluie. Des volontaires organisaient l'arrivée des véhicules venus de plusieurs wilayas d'Algérie. Les membres du comité du village veillaient au grain pour préparer les funérailles de ce petit ange d'autant que des représentants des autorités sont annoncés pour assister à son enterrement qui n'aura lieu, a-t-on appris sur place, qu'après la remise des résultats des prélèvements effectués sur son corps et acheminés vers le laboratoire de l'Institut national de criminologie de Bouchaoui, à Alger, pour analyses. "Nous attendons le feu vert des responsables quant aux résultats avant de récupérer le corps du petit Yanis de la morgue de l'hôpital Krim-Belkacem de Draâ El-Mizan", nous a confié un membre du comité du village. "Nous attendons toujours les résultats de l'enquête qui vont lever le voile sur la mort inattendue et inexpliquée de cet ange", a répondu l'un des voisins des Hassani, la gorge nouée, les yeux larmoyants et visiblement toujours sous le choc. "Qu'a-t-il fait pour subir un tel sort ? Il ne parlait pas, il n'a jamais fait de mal à personne. Si c'est un acte criminel, nous ne pardonnerons à personne. Mais si c'est seulement la volonté de Dieu, nous accepterons le sort qui lui a été réservé parce que personne ne peut changer un destin", s'écriait une parente de Yanis avant d'éclater en sanglots. Autour d'elle, tout le monde pleure comme pour partager l'atrocité de la douleur qui anime cette proche éplorée. Dans la cour de la maison, des femmes entourant l'inconsolable maman de Yanis étaient en pleurs. Lounès Hassani, le père, a, lui, complètement perdu la voix. D'ailleurs, il ne pouvait prononcer un seul mot tant sa peine était à son paroxysme. "Je remercie tous ceux qui se sont mobilisés durant quatre jours pour retrouver notre Yanis sain et sauf. Mais ce ne fut pas le cas. Je ne pouvais plus tenir sur mes jambes lorsque j'ai appris la tragique nouvelle. Pour le moment, rien n'est encore clair quant à cette disparition tragique. Laissons les enquêteurs mener leurs investigations sereinement", déclare son grand-père paternel qui avait du mal à s'exprimer. Parmi les groupes de personnes rassemblées sur place, on entendait des chuchotements. Ça ne parlait que de Yanis, et chacun allait de ses suppositions et de ses versions sans toutefois privilégier la piste de la mort accidentelle ni celle d'un assassinat. Sur les réseaux sociaux, le drame continuait de polariser les discussions, mais officiellement, les autorités judiciaires ne se sont toujours pas exprimées sur l'affaire. Une enquête a été ouverte depuis la disparition de Yanis, mardi dans la soirée, mais les conclusions demeurent toujours inconnues. La vérité finira-t-elle par éclater ? Ou connaîtra-t-elle le même sort que celle de la petite Nihal Si Mohand qui, aujourd'hui encore, demeure sans réponse ?