Désormais, la loi obligera les candidats et les partis politiques à tenir une comptabilité, à justifier la provenance des fonds et à ne pas dépasser le seuil permis. À quelques heures de la fin des délais accordés aux partis politiques et aux personnalités pour formuler leurs propositions sur la mouture de la nouvelle loi électorale, les membres chargés de l'élaboration du texte ont rencontré, hier, les médias pour tenter de vulgariser leur projet et surtout se défendre des attaques et critiques qui les ciblent. Outre Ahmed Laraba, président de la commission, et Walid Laggoune, le rapporteur, les autres membres du comité de rédaction, jusque-là discrets, se sont prêtés au jeu des questions-réponses des journalistes. Ils ont défendu un texte qui, selon eux, mettra "fin à la maffia" lors des rendez-vous électoraux et répond "aux revendications du Hirak", d'après Walid Laggoune. Dans ce cadre, les juristes présents ont beaucoup expliqué les raisons qui ont présidé à certains choix dans la rédaction du texte. Ils ont justifié, par exemple, les raisons ayant inspiré l'article qui oblige les candidats à une élection de justifier un taux de 4% lors du précédent scrutin avant de pouvoir candidater pour un nouveau mandat électoral. "Cela poussera les candidats à prouver l'existence d'une assise populaire", justifient-ils. Un membre du panel s'est longuement interrogé, pour sa part, avec un brin d'étonnement, sur les motivations qui ont poussé les partis politiques à focaliser sur "le seuil des 4%, alors que dans le même article, il existe d'autres alternatives". La loi prévoit, en effet, qu'un parti ou un candidat n'ayant jamais participé à un scrutin peut recourir à des parrainages populaires pour faire valider sa candidature. L'autre point qui a suscité des débats est celui relatif à la participation des femmes dans les joutes électorales. La mouture de la loi électorale prévoit l'obligation d'une parité parfaite lors de l'élaboration des listes électorales. Mais le système électoral ne garantit pas pour autant l'élection des femmes. "Nous avons fait le choix de nous éloigner du système des quotas", se sont défendus les membres de la commission qui font remarquer que l'ancienne loi électorale qui oblige les partis à mettre 30% de femmes sur leurs listes a fait évoluer la présence féminine dans les assemblées. Au sujet du financement des campagnes électorales, les membres de la commission Laraba considèrent qu'ils "ont fait le maximum" pour empêcher la fameuse immixtion de l'argent en politique. Désormais, la loi obligera les candidats et les partis politiques à tenir une comptabilité, à justifier la provenance des fonds et à ne pas dépasser le seuil permis. Plus que cela, la loi prévoit la création d'une commission au niveau de l'Autorité nationale indépendante des élections (Anie) chargée spécialement des finances électorales. Les membres de la commission pensent que cela suffit à "moraliser" la vie politique. À la question de savoir pourquoi jumeler la loi électorale avec la loi organique portant régime électoral avec celui de l'Anie, Walid Laggoune a expliqué que sa commission n'a fait que suivre une disposition de la Constitution.