Nettement plus nombreux que lors de la marche de vendredi dernier et toujours aussi déterminés à faire entendre leurs voix, les Annabis sont descendus dans la rue, hier, pour dire une fois encore "Tahia Eljazair, Daoula Madanya" et "Non aux élections législatives". Des slogans repris par des centaines de citoyens, dont un nombre impressionnant de femmes, qui ont battu le pavé inlassablement autour du cours de la Révolution, depuis la gare maritime jusqu'au siège de l'ancien tribunal de la ville et retour. Il était 14h, lorsque les premiers manifestants venus pour la plupart des cités et des quartiers avaient commencé à rallier l'esplanade du théâtre régional Azzedine-Medjoubi où ils ont été vite rejoints par les fidèles qui venaient de terminer la prière du vendredi. Après avoir convenu de l'itinéraire à emprunter, le cortège s'est ébranlé aux cris de "Manache Habssine" et "Waynek, waynek ya Adala El ahtiqar dayr Hala" (Où est la justice, la hogra fait des ravages). On remarquera que cette fois, certains slogans attribués aux islamistes n'ont pas été clamés par la foule, pas plus que les insultes adressées à la presse. À signaler aussi l'absence remarquée des éléments des services d'ordre qui encadraient systématiquement toutes les marches jusqu'ici. À Bordj Bou-Arréridj, des centaines de citoyens ont manifesté hier, démontrant encore une fois que le Hirak est loin d'être fini. Toujours résistants et faisant preuve d'une endurance exemplaire, les manifestants ont été au rendez-vous. "Wallah mana habsine !" (Nous avons fait le serment, nous n'arrêterons pas notre mouvement), scandent les manifestants venus des quatre coins de la wilaya, qui connaît, comme chaque vendredi, au moins trois marches : une au chef-lieu de wilaya, l'autre à Ras El Oued et une troisième dans la soirée à Djaafra. La marche d'hier a débuté vers 13h30, juste après la prière du vendredi à partir de Lagraphe, avec quelques dizaines de citoyens, par l'hymne national, chanté en chœur par les présents sous les you-you des femmes présentes. Plusieurs slogans ont été scandés dont "vive l'Algérie, Etat civil et non militaire", pour la démilitarisation du régime, "Abane a laissé un serment, Etat civil et non militaire" et "Algérie libre et démocratique", ainsi que des slogans, comme "Oulac Smah Oulac" (pas de pardon) et "Pouvoir assassin". Les marcheurs, dont des femmes, des vieux et des jeunes, n'ont pas oublié, à cette occasion, les détenus du Hirak. «Libérez nos enfants pour qu'ils jeûnent avec nous", "Libérez Lounes Boutankik", lancent les protestataires. Pour le 114e vendredi du Hirak à Sétif, des centaines de manifestants dont des femmes et des hommes, des jeunes et moins jeunes venus des quatre coins de la ville et des communes limitrophes, sont, dès la fin de la prière de vendredi, sortis réaffirmer leurs revendications pour un Etat de droit. La mobilisation a été au rendez-vous et les manifestants ont réclamé l'arrêt du harcèlement et des arrestations des militants du Hirak. Après leur regroupement près du siège de la wilaya, ces derniers ont marché en empruntant le même itinéraire connu par les Sétifiens, en passant par la rue du 8-Mai 1945 et Aïn Fouara, puis la trémie de Beb Biskra, le palais de justice, la direction de la sûreté nationale et le stade communal Mohamed-Guessab pour rejoindre la grande place de la recette principale d'Algérie Poste. Ils ont entonné des chansons patriotiques ainsi que des slogans appelant à un Etat démocratique, une presse libre et une justice indépendante...