La junte au pouvoir au Tchad depuis la mort du président Idriss Déby a nommé dimanche un nouveau gouvernement immédiatement critiqué par l'opposition, qui y voit la simple continuation d'un régime qu'elle rejette. L'annonce le 20 avril de la mort d'Idriss Déby, qui dirigeait le pays depuis 1990, lors de combats contre des rebelles dans le nord du pays, a déclenché une crise politique dans ce pays d'Afrique centrale, allié de longue date des Occidentaux dans leur lutte contre les groupes djihadistes. Un conseil militaire dirigé par le fils du président défunt, Mahamat Idriss Déby, a pris le pouvoir en promettant d'organiser des élections libres dans les 18 mois. Il a reçu rapidement le soutien de la France, l'ex-puissance coloniale, mais l'opposition a dénoncé un coup d'Etat. Des affrontements entre manifestants opposés à la junte et forces de sécurité ont fait au moins six morts ces derniers jours. L'opposition a demandé la formation d'un gouvernement de transition sous l'autorité d'un président civil et d'un vice-président issu des rangs de l'armée. Albert Pahimi Padacke, proche de Déby, a été nommé Premier ministre lundi dernier et la majorité des membres du gouvernement formé dimanche étaient en poste sous Idriss Déby. "Cela donne l'impression d'une maison dont la construction commencerait par le toit", a déclaré à Reuters Succès Masra, un dirigeant d'opposition. "Cela n'ira pas loin tant que nous ne serons pas revenus aux fondations souhaitées par le peuple : un président civil, un vice-président (militaire)." R. I.