Il existe une "forte probabilité" que le Maroc "ne renouvelle pas" le contrat de transit lié au gazoduc Maghreb-Europe, un tube acheminant du gaz algérien à l'Espagne, mais qui passe par le territoire du royaume, selon le journal espagnol El Confidencial. Pour de nombreux observateurs, l'attitude marocaine ne peut s'analyser que comme une réaction à l'accueil par Madrid du chef du Front Polisario, Brahim Ghali, hospitalisé en Espagne après avoir contracté le coronavirus. Faut-il, pour autant, s'attendre à une perturbation de l'approvisionnement en gaz algérien de l'Espagne ? Parce que la crise diplomatique entre Rabat et Madrid risque de s'aggraver, l'attitude marocaine semble être prise au sérieux par les autorités ibériques. Celles-ci travaillent à l'élaboration de pistes de solutions, dont l'augmentation du volume des importations gazières via Medgaz, un deuxième gazoduc qui va de Béni-Saf (Algérie) à Almeria (Espagne), en passant sous la mer Méditerranée (ne traversant pas le territoire marocain). El Confidencial explique que Naturgy, anciennement Gas Natural, une entreprise espagnole, fournisseur de gaz naturel, peut, en effet, utiliser Medgaz pour transporter les 10 milliards de mètres cubes de gaz qu'elle a contractés avec l'Algérie. Medgaz est détenu à raison de 51% par Sonatrach et de 49% par Naturgy. L'Algérie y a déjà opéré une extension de 197 km, allant d'El-Aricha à Beni Saf, dans l'objectif d'en augmenter les capacités d'exportation. Plusieurs spécialistes estiment qu'il n'est pas dans l'intérêt du royaume de mettre fin au contrat de transit. Selon El Confidencial, s'il le fait, il risque de rencontrer de grandes difficultés en matière d'approvisionnement en gaz et de voir ses revenus tirés des droits de transit tomber à zéro. Ces revenus se sont établis à 51 millions de dollars l'année passée, en baisse de 55%. Ce recul est lié à la contraction des exportations de gaz algérien vers l'Espagne du fait de la crise sanitaire. Long de 1 400 kilomètres, le gazoduc Maghreb-Europe transporte chaque année près de 12 milliards de mètres cubes de gaz algérien vers l'Espagne et le Portugal via le Maroc. Ces deux pays font partie des partenaires traditionnels de l'Algérie en matière d'importation de gaz. Ils ont acheté, au premier trimestre 2021, 4,3 milliards de mètres cubes de gaz à l'Algérie, soit une augmentation totale de 122% par rapport à la même période en 2020. En dépit d'un contexte particulier lié à la pandémie de Covid-19, Sonatrach a enregistré un "bond significatif" de ses exportations de gaz durant le premier trimestre 2021 grâce à "l'augmentation" de sa production, conjuguée au "renforcement" de la demande de ses clients, a indiqué la compagnie nationale des hydrocarbures. Cela lui a permis de réaliser un chiffre d'affaires de 6,8 milliards de dollars. Sur les trois premiers mois de l'année, l'Italie a importé 6,4 milliards de mètres cubes, soit 109% de plus qu'au premier trimestre de l'année dernière.