Les médecins déplorent le relâchement général constaté chez la population et le non-respect des gestes barrières. Tout faire pour contenir coûte que coûte la 3e vague de Covid-19 : telle est la préoccupation majeure des autorités locales d'Oran et du corps médical face à la hausse quotidienne des cas de Covid-19 positifs enregistrés depuis plusieurs jours, provoquant, en l'espace d'une semaine, la saturation de l'hôpital de Chtaïbo, dit Nedjma, dédié exclusivement à l'épidémie. Les 224 lits de cette structure sont tous occupés par des malades de tous âges, tandis qu'en réanimation, il y a actuellement 14 autres patients sous assistance respiratoire, comme nous l'a confirmé, hier après-midi, le Dr Y. Boukhari de la direction de la santé d'Oran. Ce dernier ne cache pas que "la situation est alarmante". "Nous en sommes aujourd'hui à 50 nouveaux cas par jour. Le nombre de décès est malheureusement en augmentation ; nous en enregistrons un par jour, les consultations atteignent le chiffre de 200 à 300 par jour dans les polycliniques et à Chtaïbo", explique le chargé de la communication et chef de service de la prévention. Une évolution épidémiologique qui était redoutée par les médecins depuis un moment déjà, lesquels déplorent le relâchement général constaté chez la population quant au non-respect des gestes barrières, au port de la bavette quasiment abandonnés dans les lieux publics et les transports. À cela s'ajoute la période estivale propice aux regroupements et autres fêtes, des situations favorisant la propagation. Tous ces facteurs conjugués conduisent aujourd'hui à cette situation plus qu'inquiétante à telle enseigne que le Dr Y. Boukhari n'exclurait pas l'ouverture par les autorités locales de l'hôpital d'El-Kerma, achevé et équipé récemment, disposant de 60 lits, ainsi que celui de Gdyel, soit 240 lits supplémentaires si la situation venait à s'aggraver. Même constat pour le Pr Salah Lellou de l'EHU 1er-Novembre qui déclare : "La situation nécessite des réactions urgentes face à cette apparition de la 3e vague de Covid-19." Pour lui, il faut également prendre en compte tous les cas de malades qui ne viennent pas à l'hôpital. "Personnellement, je m'occupe de 10 malades qui sont traités à domicile et disposent d'oxygène. Ce n'est malheureusement pas le cas de tout le monde. Pareil pour les tests PCR, nous ne pouvons comptabiliser ceux qui se font à l'extérieur et volontairement par des personnes, ceux qui se soignent seuls...", affirme le professeur en évoquant les mesures urgentes à prendre par les autorités, telles que l'obligation du port de la bavette, le respect des gestes barrières et, éventuellement, le recours à un reconfinement, autre solution politique qui fait son chemin. Cette solution, même difficile à appliquer et que seul le gouvernement est en mesure de prendre, est privilégiée par les professionnels de la santé qui le confient en aparté. "Il va falloir passer par là si nous ne voulons pas nous retrouver dans une situation ingérable et grave ; nous sommes démoralisés, fatigués. Nous sommes de nouveau quasiment à la case départ. Beaucoup de nos collègues ont pris des congés de maladie", témoigne un anesthésiste. L'autre solution recommandée est l'accélération de la cadence de la vaccination qui pourrait limiter le désastre d'une 3e vague meurtrière. Dans ce cadre, Oran a réceptionné, mardi soir, un nouveau quota de 39 000 doses de vaccin Sinovac. Outre des polycliniques qui assurent la vaccination et le chapiteau dressé à Tahtaha, un second devrait être installé, au plus tard dimanche prochain, à Aïn El-Turck, pour les populations de cette daïra surtout les vacanciers séjournant sur la corniche oranaise. Pour l'heure, les personnes vaccinées dans la wilaya d'Oran sont au nombre de 43 660, ce qui est peu si l'on considère qu'il faut atteindre 70% de la population vaccinée pour une immunité collective. C'est dans ce contexte que nous apprenons que des services de la daïra d'Oran vont devoir fermer momentanément à la suite de l'apparition de 5 cas très suspects de Covid-19 parmi des fonctionnaires.