Liberté : Les contaminations par la Covid-19 flambent à nouveau. Ce scénario était-il prévisible ? Pr Belhadj : Oui, en raison surtout de l'apparition du nouveau variant Delta, du non-engouement de la population pour la vaccination et du non-respect des gestes barrières par la plupart des citoyens. Tous ces éléments réunis ne pouvaient qu'aboutir à un tel scénario. Cette troisième vague risque-t-elle d'être plus meurtrière que les précédentes ? Effectivement, cette troisième vague risque de devenir meurtrière. Les chiffres le confirment par la montée rapide du nombre de décès au niveau des structures hospitalières et le nombre de cas très élevé des patients atteints des formes sévères de la Covid-19. Nos structures hospitalières sont-elles en mesure de prendre en charge tous les malades ? Au niveau des grandes structures hospitalo-universitaires, oui, nous avons les moyens de faire face à cette nouvelle vague de Covid-19. En revanche, au niveau de certains établissements hospitaliers, ce n'est pas le cas.
Des échos font part d'une forte pression sur l'oxygène et sur les services de réanimation. Le confirmez-vous ? Oui, nous avons enregistré notamment une demande accrue en lits de réanimation spécialisée.
A-t-on une idée réelle du nombre de variants qui circulent dans le pays en l'absence de moyens de séquençage ? Absolument pas.
Les infections nosocomiales dues aux contaminations par le coronavirus explosent dans les hôpitaux. Quelles mesures ont été prises pour réduire ce risque ? Il faut revenir au respect des règles élémentaires de l'hygiène hospitalière. Nous recommandons également la vaccination de masse et nous proposons même de la rendre obligatoire pour le personnel de la santé. Un retour au confinement pourrait-il devenir le seul moyen de contenir la pandémie dans le pays ? Je pense que oui. Que peut-on, à défaut, mettre en place immédiatement ? Nous pouvons par exemple rendre la vaccination obligatoire pour certains corps et pénaliser les contrevenants ne respectant pas les mesures barrières. On pourrait, dans ce sens, également interdire à toute personne ne portant pas de masque l'accès aux structures publiques, à l'instar des banques, des postes, des services de l'état civil et des impôts.