Les Tunisiens ont exprimé sur les réseaux sociaux leur crainte d'un retour à la répression, suite à cette arrestation qui survient cinq jours après le coup de force de Kais Saïed. Une série d'arrestations hommes politiques, dont celle du député critique Yassine Ayari, qui survient cinq jours après que le président Saïed a gelé le Parlement et limogé le Premier ministre Hichem Mechichi, fait craindre à l'opposition que soit opéré un tour de vis sur les libertés et des droits de l'Homme. Le parti d'un député tunisien critique du Président a annoncé que ce dernier avait été arrêté vendredi par les forces de sécurité et incarcéré à la prison civile de Tunis, après avoir dénoncé sur les réseaux sociaux le coup de force du président Kais Saïed comme "un coup d'Etat militaire". "C'est un coup d'Etat militaire", avait écrit sur sa page Facebook Yassine Ayari, estimant que les mesures du Président représentent "un renversement de la Constitution et du pacte social en utilisant l'armée". Son mouvement "Espoir et travail", lancé en 2019, a annoncé dans un communiqué son arrestation vendredi par des agents de la sécurité présidentielle sans la présentation d'un ordre judiciaire. Dans une publication sur Facebook, sa femme a affirmé de son côté que son mari avait été arrêté d'une façon violente. Les Tunisiens ont exprimé sur les réseaux sociaux leur crainte d'un retour à la répression suite à l'arrestation de Yassine Ayari qui survient cinq jours après que le président Saïed a gelé le Parlement pour 30 jours, levé l'immunité de tous les députés et limogé le Premier ministre Hichem Mechichi. Le mouvement d'inspiration islamiste Ennahdha a, pour sa part, dit rejeter toute poursuite des députés devant les tribunaux militaires et leur incarcération sans aucun respect des dispositions de levée de l'immunité, garanties par la Constitution. Dans un communiqué, repris par l'agence TAP, l'institution du procureur général de la justice militaire précise que l'incarcération de Yassine Ayari s'inscrit dans le cadre de l'exécution d'un jugement définitif de justice émis par la cour d'appel militaire en date du 6 décembre 2018. Cependant, d'autres arrestations ont également été annoncées, dont celle du député de la Coalition Al Karama, Maher Zid, et de l'ancien procureur de la République au tribunal de première instance de Tunis, Béchir Akermi. En outre, quatre personnes relevant du mouvement Ennahdha ont comparu devant le juge d'instruction auprès du tribunal de première instance de Tunis 2, pour "tentative de violence" devant le Parlement, après l'annonce des mesures présidentielles, le 25 juillet au soir, a annoncé une source judiciaire à la TAP. Parmi ces quatre personnes, figurent un membre du conseil de la Choura, un membre du protocole du président du parti et un ancien agent de la protection rapprochée de Rached Ghannouchi. Ces poursuites font suite à des plaintes qui ont été déposées contre les quatre personnes en question pour "tentative de mener des actes de violence". "Ils cherchaient à s'assurer la complicité de certains habitants de la cité Ennour, un quartier populaire du Bardo, en leur demandant d'effectuer, munis de bâtons, des actes de violence devant le Parlement les lundi 26 et mardi 27 juillet", a ajouté la même source. Dans ce contexte, le président Saïed a assuré vendredi que la Tunisie, "est un pays des droits, des libertés et de la constitution". "Pas de peur sur la liberté d'expression (...) ce n'est pas à mon âge que je vais commencer une nouvelle étape basée sur la dictature. Je déteste la dictature et je la méprise", a-t-il encore ajouté lors d'une rencontre avec des journalistes de New York Times. M. Saied a affirmé qu'il n'y avait eu des arrestations que de ceux qui sont poursuivis par la justice. En revenant aussi sur ses dernières décisions, notamment celle relative au gel des activités du Parlement, Saïed a déclaré qu'il y avait "des voleurs qui circulaient au sein de l'Assemblée des représentants du peuple" et que plusieurs infractions y ont eu lieu. Amar R.