La levée du couvre-feu décrétée par le gouvernement ne changera rien - ou presque - au quotidien des Oranais qui ont repris leurs habitudes, depuis plusieurs mois déjà. À l'exception de la tragique parenthèse de la troisième vague estivale qui a provoqué les malheurs que l'on sait, la majorité de la population oranaise a déjà rompu avec le protocole de sécurité : ni distanciation sociale ni port de la bavette n'étaient respectés dans les lieux publics et les transports en commun. On le voyait tous les jours dans les bureaux de poste, les mairies et autres administrations (où des barrières de séparation entre les employés et les usagers étaient quand même improvisées), la distanciation physique n'était pas respectée et les citoyens n'hésitaient pas à se serrer les uns contre les autres sans crainte d'une pandémie dont la menace était toujours d'actualité. Dans les commerces, les affiches exhortant le port du masque de protection ou limitant à deux le nombre de clients ne sont pas respectées par la grande majorité. Dans les bus, taxis et autres transporteurs clandestins, la situation n'est guère plus reluisante avec des chauffeurs moyennement soucieux du respect du protocole et des clients très peu regardants sur les mesures de sécurité. "Je ne sais même pas si ces mesures sont efficaces. Beaucoup de personnes pointilleuses sur les mesures du protocole sanitaire ont été infectées et sont mortes. C'est pour cela que je ne porte plus la bavette et que je ne me soucie plus des risques", explique un quadragénaire manifestement blasé. Le non-respect des mesures de sécurité à Oran est tel que des familles, ayant perdu un parent en raison du Covid-19, ont organisé des funérailles auxquelles ont pris part des proches, amis et voisins. Et dans la plupart des cas, la menace de la pandémie et l'enterrement du mort n'empêchaient par les accolades et les embrassades. Usage du gel hydroalcoolique ? Rares sont les personnes qui disent disposer d'un flacon dans la poche, au travail ou à la maison. "J'en ai dans la voiture et j'en utilise, mais j'avoue que je l'oublie la plupart du temps", reconnaît une mère de famille qui assure qu'au plus fort de la pandémie, en 2020, elle avait imposé une discipline à la maison. "Encore aujourd'hui, nous nous déchaussons à l'entrée, nous faisons attention à aérer nos vêtements mais la 'paranoïa' de l'année dernière a disparu", continue-t-elle. Pourtant, malgré la stabilisation épidémiologique de la Covid-19 et l'allègement du protocole sanitaire, les personnels de santé avertissent contre le relâchement de la vigilance en rappelant le risque d'une quatrième vague cet hiver. "Certes, ce n'est pas évident parce que les gens ont besoin de travailler et de vaquer à leurs occupations, mais il faudra toujours garder en tête que la menace plane pour ne pas complètement baisser la garde", avertit une infirmière.