Le colonel Assimi Goïta, chef de la junte et président autoproclamé de la transition au Mali, avait décidé auparavant de prolonger la période de transition de cinq ans, soulevant un vent de colère chez la médiation internationale et ses voisins ouest-africains, qui ont sanctionné Bamako. Un nouveau calendrier électoral sera élaboré prochainement au Mali, lors d'une réunion extraordinaire du Conseil national de transition, dans une tentative des militaires au pouvoir de desserrer l'étau autour d'eux. Selon un décret présidentiel, le CNT est "convoqué en session extraordinaire vendredi 4 février et jours suivants", pour discuter d'une nouvelle date de la présidentielle, qui devait avoir lieu le mois en cours avant d'être reportée par la junte au pouvoir à Bamako, allant ainsi à contrecourant des engagements pris à remettre le pouvoir aux civils rapidement. Le CNT devrait ainsi réviser la charte de la transition et la loi électorale, affirme le décret lu à la télévision publique malienne vendredi soir. Parallèlement, un projet de loi a été publié hier visant à renforcer le pouvoir du chef de la junte, le colonel Assimi Goïta. Le texte, adopté vendredi soir en Conseil des ministres, vise "la suppression du poste de vice-président (de la transition) pour éviter les duplications des missions et permettre au ministre chargé de la Défense et au ministre chargé de la Sécurité de recouvrer et d'exercer la plénitude de leurs attributions traditionnelles". Ces développements interviennent dans un contexte expolsif, marqué par une forte pression régionale, continentale et internationale sur les militaires au pouvoir, qui refusent de remettre le pouvoir aux civils, selon l'accord négocié avec les voisins ouest-africains. Cela a conduit le Mali vers une nouvelle impasse et lui a valu de lourdes sanctions diplomatiques et économiques que Bamako veut contourner en voulant monter un nouveau calendrier électoral. En effet, la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) et l'Union économique et monétaire ouest-africaine (Uémoa) ont pris, le 9 janvier, une batterie de mesures économiques et diplomatiques vigoureuses à l'encontre du Mali pour sanctionner l'intention de la junte de se maintenir au pouvoir encore plusieurs années, après deux putschs en août 2020 puis en mai 2021. Elles ont suspendu, avec effet immédiat, toutes les transactions commerciales et financières des Etats membres avec le Mali, hors produits de grande consommation et de première nécessité. Elles ont aussi gelé les avoirs du Mali dans les banques centrales de la Cédéao et dans les banques commerciales des Etats membres, et suspendu toute aide et transaction financière en faveur du Mali de la part des institutions de financement de l'organisation. Déjà affecté par l'impact de la pandémie de Covid-19, le Mali aura du mal à tenir le coup face à ces sanctions, ce qui explique ce revirement qui ne dit pas son nom.