Cette remontée des prix du pétrole constitue une bouffée d'oxygène pour l'Algérie, la balance commerciale et le solde budgétaire de l'Etat étant très dépendants du niveau du prix du pétrole et vulnérables à ses fluctuations. Les cours du pétrole s'envolaient, hier, embrasés par la décision du président russe de reconnaître l'indépendance des territoires séparatistes ukrainiens, le prix du Brent frôlant la barre symbolique des 100 dollars le baril. Dans la matinée, le prix du Brent de la mer du Nord pour livraison en avril prenait 3,77% à 98,97 dollars, après avoir atteint 99,50 dollars le baril quelques minutes plus tôt. À New York, le baril de West Texas Intermediate (WTI) pour livraison en mars, grimpait de 4,86% à 95,50 dollars. Il faut remonter à l'été 2014 pour retrouver ces cours. Cette remontée des prix du pétrole constitue une bouffée d'oxygène pour l'Algérie, la balance commerciale et le solde budgétaire de l'Etat étant très dépendants du niveau du prix du pétrole et vulnérables à ses fluctuations. Si cette conjoncture pétrolière favorable se confirme, l'Algérie bénéficiera de ce surplus de recettes qui viendront alimenter le Fonds de régulation des recettes, mis sur pied depuis les années 2000, destiné à recueillir les recettes supplémentaires générées au-delà d'un prix de référence fiscal. Pour rappel, le cadrage macroéconomique et financier de la loi de finances 2022 a retenu un prix fiscal du pétrole autour de 45 dollars le baril sur la période 2022-2024 et prix du marché de 50 dollars. Or, depuis le début de l'année, le Sahara Blend évolue à plus de 70 dollars. Selon l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, les cours du Sahara Blend, le brut de référence algérien, ont atteint 88,21 dollars le baril en janvier dernier. Le consensus des économistes interrogés par Bloomberg au 15 février 2022 prévoit un prix moyen de 77,4 dollars le baril pour cette année, en hausse de 1 dollar par rapport à la dernière estimation. "En utilisant un modèle simple corrélant le prix du pétrole brut avec le niveau des stocks pétroliers, on constate qu'avec le niveau actuel des stocks, le prix du Brent devrait être largement supérieur à 90 dollars le baril, ce qui est très proche des prix actuellement observés", relève l'IFP Energies nouvelles dans son dernier "tableau de bord" sur les marchés pétroliers. Cette analyse, souligne l'institut français de recherche, montre que la prime géopolitique liée à la situation en Ukraine est encore relativement faible à l'heure actuelle (de l'ordre de quelques dollars par baril) et que même si la situation avec la Russie venait à se normaliser, les prix du brut devraient rester élevés compte tenu de la hausse attendue de la demande et de la faiblesse des stocks. Toute la difficulté de l'exercice budgétaire, pour l'économie algérienne, tient dans cette trop grande dépendance aux fluctuations des prix mondiaux du pétrole. Faute de pouvoir réduire substantiellement la dépense publique ou de renforcer les prélèvements au titre de la fiscalité ordinaire, le seul indicateur susceptible d'influer réellement sur le déficit du budget est le niveau des exportations d'hydrocarbures et, en conséquence, celui de la fiscalité pétrolière. Le gouvernement devrait, peut-être, tirer le meilleur parti de cette envolée des prix pour entreprendre des réformes graduelles et en profondeur. L'expérience ayant démontré que les réformes structurelles sont plus digestes socialement et moins coûteuses politiquement lorsque le pays dispose d'une marge de manœuvre budgétaire lui permettant de choisir le rythme qui convient aux besoins particuliers du pays.
