La victoire aux législatives du mouvement islamiste Hamas, qui a stupéfié la communauté internationale, a plongé les territoires palestiniens dans l'incertitude politique et servi de détonateur à des violences entre partisans du groupe radical et supporters du Fatah. La tension est très vive dans la bande de Gaza depuis l'annonce officielle des résultats jeudi. Des affrontements armés ont éclaté vendredi impliquant des partisans des deux camps, qui pour l'heure restent limités au sud du territoire, à Khan Younès et ses alentours. Au total, neuf personnes ont été blessées, dont cinq membres des forces de sécurité palestiniennes. Des affrontements directs ont eu lieu entre partisans du Fatah et des supporters du Hamas, mais ces derniers ont aussi pris pour cible une patrouille des membres de la sécurité et un bâtiment de la sécurité préventive. Aux troubles sécuritaires s'ajoutent les incertitudes sur la formation du gouvernement. Le leader palestinien, Mahmoud Abbas, a affirmé qu'il allait charger le Hamas de former le nouveau cabinet. “Nous menons des contacts et des consultations avec tous les blocs. Bien sûr, je vais demander à la majorité de former ce gouvernement”,a-t-il déclaré vendredi. Le chef de file du Hamas, Ismaïl Haniyeh, a parlé de son côté de discussion avec M. Abbas autour d'un “partenariat politique” dans les prochains jours. Le Hamas tend la main au Fatah Le chef du Hamas en exil, Khaled Mechaal, a affirmé, lors d'une conférence de presse hier à Damas, que le mouvement islamiste radical allait “réussir dans la politique et les réformes, comme il a réussi dans la résistance” contre l'occupation israélienne. “Ceux qui misent sur notre échec se trompent. Nous avons réussi dans la résistance, et nous allons réussir dans la politique, les réformes et le changement”, a dit M. Mechaal, après la victoire écrasante de son mouvement aux législatives palestinienne de mercredi. “Nous avons été choisis par notre peuple et nous assumerons notre responsabilité”, a-t-il assuré. Remerciant le président de l'Autorité palestinienne,Mahmoud Abbas, pour avoir organisé ces élections, il a tendu la main à son mouvement le Fatah, grand perdant des législatives. “Nous ne sommes pas dans une situation embarrassante. Ni nos frères du Fatah. Hamas apprécie l'importance du moment et nous avons une vision par rapport à tout cela. Nous sommes devant un grand défi”, a souligné M. Mechaal. “Nous voulons un partenariat. Nous tendons la main au Fatah, nous avons besoin les uns des autres” et devons travailler ensemble “pour l'intérêt du peuple palestinien”,a dit M. Mechaal, affirmant que le Fatah s'était précipité en annonçant qu'il ne souhaitait pas gouverner avec le Hamas. Il a expliqué que la priorité du Hamas était notamment d'introduire des réformes dans le système politique palestinien, de réorganiser “la maison palestinienne” et “protéger la résistance et resserrer les rangs autour de cette résistance”.