Le président Bush a lancé un vaste appel à la démocratisation dans le monde et plus particulièrement au Moyen-Orient, s'adressant aussi bien à des alliés comme l'Egypte et l'Arabie Saoudite qu'à l'Iran, sans oublier les Palestiniens. Mettant sa présidence sous le signe d'un but “historique à long terme, (...) la fin de la tyrannie dans le monde”, M. Bush a saisi l'occasion de son discours annuel sur l'état de l'Union, retransmis en direct par les chaînes de télévision arabes Al Jazeera et Al Arabiya, pour souligner que l'organisation d'élections est une étape nécessaire mais non suffisante sur la voie de la démocratie. “Les élections sont vitales, mais elles ne sont que le commencement” du processus, a-t-il dit, sans citer explicitement l'Irak, mais en citant notamment la victoire du groupe islamiste Hamas. M. Bush n'a évoqué que brièvement les élections palestiniennes de la semaine dernière, mais il a saisi l'occasion pour demander une nouvelle fois aux dirigeants du Hamas de “reconnaître Israël, désarmer, rejeter le terrorisme et œuvrer à une paix durable”. Quant à l'Iran, engagé dans un bras de fer avec la communauté internationale sur son programme nucléaire, M. Bush a précisé qu'il en voulait moins à son peuple qu'à son régime, “une petite élite cléricale qui isole et opprime son peuple”, et il est allé jusqu'à offrir son amitié aux Iraniens. “L'Amérique vous respecte et nous respectons votre pays (...), et notre pays espère un jour être le plus proche ami d'un Iran libre et démocratique”, a affirmé le président américain, tout en affichant sa fermeté sur le dossier du nucléaire : “Les pays du monde ne doivent pas permettre au régime iranien d'acquérir des armes nucléaires”, a-t-il martelé, et “l'Amérique continuera à rallier le monde pour faire face à cette menace”. Rappelant plus largement que “les Etats-Unis d'Amérique soutiennent la réforme démocratique à travers le Grand Proche-Orient”, M. Bush a aussi appelé le régime égyptien à faire plus de place à l'opposition démocratique. “Le grand peuple d'Egypte a voté dans une élection présidentielle multipartite, maintenant son gouvernement devrait ouvrir des voies pour une opposition pacifique qui réduira la séduction du radicalisme”, a-t-il dit. Cet appel fait écho aux remontrances exprimées il y a un mois par la Maison-Blanche, après la condamnation à cinq ans de prison de l'opposant égyptien Ayman Nour. La présidence américaine, qui axe sa stratégie au Proche-Orient sur l'espoir que la propagation de la démocratie fera échec au terrorisme, avait alors fait valoir que la condamnation de M. Nour “remet en cause l'engagement de l'Egypte envers la démocratie, la liberté et l'état de droit”. Autre allié précieux des Etats-Unis, Riyad a aussi eu droit mardi à un rappel à l'ordre : “L'Arabie Saoudite a fait les premiers pas de la réforme, maintenant elle peut offrir à son peuple un meilleur avenir en accentuant ces efforts”, a déclaré M. Bush. Affirmant que “la liberté politique et le changement pacifique” sont un des principaux objectifs des Etats-Unis pour le monde, M. Bush s'est enfin félicité que “plus de la moitié des peuples du monde vive dans des pays démocratiques”. Mais il a appelé à “ne pas ignorer l'autre moitié” du monde, faisant mention à cette occasion de la Syrie, la Birmanie, le Zimbabwe et la Corée du Nord, outre l'Iran, “parce que les exigences de justice et la paix de ce monde requièrent aussi la liberté” de ces peuples-là.