Dans l'entourage du chef de la diplomatie française, on estime que le séjour de Philippe Douste-Blazy a réussi à “décrisper” les relations entre Alger et Paris, eu égard à la crise engendrée par la promulgation de la loi du 23 février. Il n'empêche que, diplomatiquement parlant, l'on considère aujourd'hui que c'est la visite, non pas de trop, mais “en plus”. Les retombées du déplacement n'ont pas été jugées à la hauteur des attentes escomptées côté français. La délégation de journalistes français, qui accompagnait le MAE, semble avoir une approche de l'évènement qui confirme cette lecture. On considère que le traité d'amitié a été renvoyé aux calendes grecques. Certains n'ont pas hésité à y voir une nouvelle brouille entre Alger et Paris. L'audience accordée par le président de la République a entraîné d'abondantes spéculations. La santé du président de la République reste pour les médias français un sujet de grand intérêt. Avant même que le traité d'amitié ne soit abordé, un confrère français a tenu à s'en enquérir. “Comment allez-vous, Monsieur le Président ?” a-t-il demandé à El-Mouradia. La réponse de Abdelaziz Bouteflika ne tarde pas, et s'accompagne d'un large sourire : “Comme vous le voyez, je me porte comme un charme.” À la sortie, le patron du Quai d'Orsay n'a pas été très expansif. Première question, première embûche. “De quoi avez-vous discuté Monsieur le Ministre ?” lance une journaliste. La réponse de Douste-Blazy est à l'image de son déplacement. Diplomatique et de circonstance. Abdelaziz Boutflika est, quant à lui, relancé par le journaliste d'une chaîne de télévision française. Le chef de l'Etat, joignant le geste à la parole, désigne Philippe Douste-Blazy. Il renvoie la question au vol à destination du MAE français. “Il appartient au ministre d'en parler”, déclare-t-il. Mine de rien, un tantinet amusé, Abdelaziz Bouteflika ajoute : “Mais nous n'avons pas parlé que du traité d'amitié.” Le ton de la conférence de presse animée conjointement par Mohamed Bedjaoui et Philippe Douste-Blazy, à la résidence Djenane El-Mithak, a confirmé pour les représentants de la presse française l'état des discussions sur les relations bilatérales. Les déclarations du ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères, ont visiblement quelque peu crispé son homologue français. Après la conférence de presse, la délégation affichait un étonnement et une surprise palpables. “C'était prévisible”, lance-t-on. Les journalistes pariaient avant même la rencontre sur un éventuel échec des discussions relatives au traité d'amitié. Et pour cause ! Le MAE français s'était gardé d'évoquer cette question à la sortie de l'audience que lui avait accordée Abdelaziz Bouteflika. S. S.