Liberté : Il y a aujourd'hui débat sur le passé colonial. Pourquoi avez-vous choisi ce moment pour venir en Algérie ? Mme M-G. Buffet : Justement, je crois qu'on a besoin de coopération et d'amitié entre le peuple algérien et le peuple français. Nous avons une histoire commune parfois douloureuse, et nous sommes voisins. Tout devrait nous pousser à coopérer d'égal à égal, pour construire ensemble notre développement et puis, j'ai envie de dire, parce que nos populations se sont mélangées, à travers les femmes et les hommes qui sont venus dans notre pays. Sur le problème de la colonisation, il faut que la France, tout naturellement, reconnaisse ses responsabilités dans cette tragédie, qu'elle reconnaisse la guerre et tout ce que cela a comporté, qu'elle assume sa mémoire tout simplement. Il faut que nous assumions nos responsabilités, mais il faut aussi se tourner maintenant vers l'avenir. L'adoption de la loi du 23 février 2005 est loin de refléter cette volonté… La loi du 23 février a été votée par des députés de droite, mais il y a eu énormément de protestations en France. La gauche française s'est battue contre cette loi, le parti communiste s'est battu contre cette loi et l'opinion progressiste française a manifesté son mécontentement par rapport à cette loi. Grâce à la mobilisation des forces démocratiques en France, l'article 4 a été abrogé. Ce n'est pas suffisant, mais il faut continuer le combat. Le PCF, en liaison avec son histoire, est très attaché à la relation avec le peuple algérien, parce que nous avons mené le combat à notre manière en France, pour l'indépendance. Nous sommes extrêmement attachés à ce qu'il y ait une coopération. Il y a quand même un recul en France, sinon comment se fait-il qu'une telle loi puisse être votée en 2005 ? Je n'ai aucune hésitation à condamner cette loi, dont nous avons demandé son abrogation. C'est une loi qui est venue revaloriser la colonisation. C'est une loi qui n'est pas acceptable ! Outre l'article 4 qui portait sur la colonisation, il y a d'autres aspects négatifs de cette loi. Avez-vous des explications au sujet de l'empressement français pour la signature du traité d'amitié entre l'Algérie et la France ? Je souhaite personnellement qu'il y ait un bon traité d'amitié entre la France et l'Algérie. Encore faut-il que son contenu soit bon, qu'il permette le développement et de nouveaux droits pour les peuples de chaque côté. Bien évidemment, si on veut ce traité d'amitié, il faut que la France fasse les gestes nécessaires pour le faire aboutir. Pourquoi toutes ces réactions exagérément violentes de représentants de l'Etat français et de partis politiques par rapport au concept de génocide colonial ? Je crois qu'il faut sortir de cela. On est en train, à travers cette affaire, d'opposer deux peuples au lieu d'essayer de faire en sorte qu'ils coopèrent ensemble. Moi, je ne veux pas être de cette querelle et mon message est clair : je souhaite que la France assume ses responsabilités pendant la colonisation et la guerre. Point final. Un des points de désaccord entre Alger et Paris porte sur l'alignement de la France sur les thèses marocaines, alors qu'il s'agit du problème de décolonisation du Sahara occidental… ll La position du PCF est le respect des résolutions de l'ONU. Voilà ! Propos recueillis par H. Ameyar