Tous les candidats à la succession de Jacques Chirac se sont fait connaître. Tandis que chacun d'eux peaufine son image, le président français qui, lui, ne s'est toujours pas prononcé, a, tout de même, apporté son grain de sable dans la campagne présidentielle en cadrant ses propres thèmes. Mettant dans l'embarras le candidat de la droite, le ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, ainsi que sa rivale socialiste, Ségolène Royal. Les deux jokers, coqueluches des médias et des instituts de sondage français, sont ainsi obligés de revoir leurs copies. Chirac, dont 80% de sondés souhaitent qu'il rentre chez lui, leur a imposé, pour ainsi dire, sa propre feuille de route. À l'occasion de la présentation de ses vœux au peuple français, aux corps constitués et aux ambassadeurs accrédités en France, le président français a mis sur la scène de la lutte pour sa succession les questions qui taraudent la société française : la cohésion sociale, la lutte contre la précarité, notamment pour les mal-logés et les sans-abri, le destin européen de la France et la France dans le monde. À moins de quatre mois de l'élection, des sondages d'opinion donnent un léger avantage à Ségolène Royal face à Nicolas Sarkozy au second tour (52% et 51%), grâce au renfort d'une partie des voix s'étant portées au premier tour sur le centriste François Bayrou, mais aussi sur le leader septuagénaire du Front national, Jean-Marie le Pen, qui ne cesse de jouer le fou des rois sur l'échiquier politique français. Entre 25% et un tiers des électeurs ayant choisi Le Pen le 22 avril pourraient voter Royal le 6 mai, assure l'Ifop. Les voix de François Bayrou, qui chasse dans le centre, pourraient également se déplacer vers le camp de la gauche au deuxième tour, selon les sondeurs. Les électeurs de Bayrou sont attirés par le discours de Mme Royal sur les valeurs familiales et une posture moins à gauche que celle qu'a le PS habituellement. À l'extrême gauche, c'est carrément la curée. L'union forgée lors du référendum sur l'Europe n'est plus qu'un vague souvenir et les partitions de ce courant s'entredéchirent sur sa paternité. La Ligue communiste envoie son propre cheval, Besancenot, "le facteur", et Marie George Buffet est officiellement candidate non pas au nom de son parti, le PCF, mais pour les hommes et les femmes qui, majoritairement, ont voté "non" au Traité constitutionnel européen le 29 mai 2005. Chez les écologistes, Voynet, ex-ministre dans le gouvernement socialiste, aurait bien voulu ferrer Hulot, le producteur d'Ushuaia, l'émission phare de l'écologie en France, mais ce dernier a choisi de soutenir Mme Royale. C'est un ami de… Chirac. D. Bouatta