Le président de transition somalien a estimé, hier à Mogadiscio, que les Américains ont le droit de mener des attaques aériennes contre des membres d'Al-Qaïda et de souligner partout dans le monde ! Sa déclaration intervient 24 heures après les raids aériens américains de lundi contre des positions d'islamistes dans le sud de la Somalie. Depuis leur fuite de Mogadiscio, le 28 décembre, et de Kismayo, leur fief dans le sud de la Somalie, le 1er janvier, devant l'avancée des forces éthiopiennes et somaliennes, les islamistes sont traqués dans l'extrême sud de la Somalie, près de la frontière kenyane fermée. Des navires américains patrouillent depuis le début de la semaine au large des côtes pour empêcher leur fuite par la mer. L'intervention américaine a fait de nombreux morts, a avoué le ministre somalien de l'Information, depuis Baïdoa, siège des institutions de transition somaliennes. La cible était un village soupçonné d'abriter des terroristes. Les dommages collatéraux, selon la terminologie américaine, seront certainement lourds. Washington a pris ses devants en reconnaissant que beaucoup de gens ont été tués, mais le raid a été un succès. Selon Washington, les matériels utilisés pour ces attentats provenaient de Somalie, ainsi que ceux utilisés le 28 novembre 2002 contre un hôtel de Mombasa, sur la côte kenyane. Trois kamikazes avaient fait sauter une voiture piégée contre l'hôtel appartenant à des Israéliens. Il faut savoir que la contre-offensive éthiopio-somalienne n'a été possible qu'avec le soutien logistique des Etats-Unis. Addis-Abeba est le principal allié des Etats-Unis dans la région, où leur base se trouve à Djibouti avec 28 000 hommes. Ce n'est pas la première fois que Washington intervient directement en Somalie. Les Américains y ont débarqué en décembre 1992, dans l'opération Restore Hope (rendre l'espoir) pour aider les victimes de la famine et tenter de rétablir la paix dans le pays déchiré par les combats entre chefs de guerre. Ca sera un retentissant échec. La première armée du monde se replie en catastrophe ! Washington voulait prouver au monde, après la première guerre d'Irak (1991), qu'ils sont capables d'opérations humanitaires. En mai 1993, les Etats-Unis tentent d'y revenir sous couvert de l'Onu, dans le cadre de l'opération Onusom II, destinée à contrôler la cessation des hostilités en Somalie et assurer la sécurité dans les ports, aéroports et sur les voies de communication nécessaires pour l'acheminement de l'assistance humanitaire. Des milliers de soldats américains y participent, mais Onusom II, comme Restore Hope, tourne au fiasco. Après la terrible journée du 3 octobre 1993 où 18 soldats américains ont été tués et traînés dans les rues de Mogadiscio, le président américain Bill Clinton annonce le retrait de ses troupes au 31 mars 1994. Le dernier soldat américain quitte la Somalie à la fin de mars. D. Bouatta