Ennemis jurés de George Bush, les présidents vénézuélien et iranien ne cachent plus leurs intentions de “promouvoir la pensée révolutionnaire dans le monde”, pour contrer les puissances occidentales, responsables de “la discrimination et de l'injustice”. Principal soutien au programme nucléaire de Téhéran, après que la Chine et la Russie se sont jointes aux puissances occidentales pour voter des sanctions contre l'Iran au Conseil de sécurité des Nations unies, le Venezuela réaffirme son engagement sans équivoque aux côtés de l'Iran. La visite de Mahmoud Ahmadinejad, la seconde en cinq mois au Venezuela, aura permis de resserrer les liens avec les dirigeants aux positions antiaméricaines dans la région. Le chef de l'Etat iranien a déclaré que Caracas et Téhéran avaient pour tâche de “promouvoir la pensée révolutionnaire dans le monde”. Il a ajouté que “la raison de tous les problèmes actuels est la direction erronée des pays puissants où il y a la pauvreté, la haine, l'inimitié et la guerre”. Continuant sur sa lancée, Ahmadinejad enfonce le clou dans son réquisitoire contre les puissances occidentales en les rendant responsables de “la discrimination et de l'injustice” et n'ayant pour seul souci que de “recevoir leurs bénéfices économiques”. Dans la même optique, il affirme qu'“en tant que deux peuples et gouvernements frères, nous avons la responsabilité de promouvoir cette pensée claire sur la scène mondiale”. Outre la signature de onze accords de coopération entre ces deux membres éminents de l'Opep, en matière d'énergie, d'industrie, du tourisme et d'agriculture, dont la principale mesure est la création d'une compagnie mixte destinée à explorer, à produire et à commercialiser le pétrole, Caracas et Téhéran se sont surtout engagés à tout faire pour faire remonter les cours des hydrocarbures, en chute libre sur le marché mondial. Ainsi, les deux chefs d'Etat ont annoncé leur intention de “décupler les efforts” pour obtenir de nouvelles réductions de la production de l'Opep face à la dégringolade du prix du baril. Hugo Chavez déclare : “Nous avons convenu cet après-midi de décupler nos efforts coordonnés au sein de l'Opep et au-delà auprès des grands producteurs pour sauvegarder les prix de notre matière première.” Il a justifié cette décision en disant : “Aujourd'hui, nous savons qu'il y a trop de brut sur le marché, donc nous soutenons, nous soutiendrons des décisions prises pour réduire la production.” Pour rappel, au cours de son précédent séjour en septembre dernier, le président iranien avait conclu avec son homologue vénézuélien une série d'accords, financés par un fonds commun doté de deux milliards de dollars. Hier, Mahmoud Ahmadinejad était au Nicaragua, désormais dirigé par l'ancien guérillero marxiste Daniel Ortega, avant de rallier aujourd'hui l'Equateur pour l'investiture de Rafael Correa, un économiste de gauche antilibéral, opposé à la signature d'un accord de libre-échange avec les Etats-Unis, dont il souhaite chasser la base militaire en Equateur. Il compte également rencontrer le président socialiste bolivien Evo Morales, chantre de la cause indigène et auteur d'une nationalisation des hydrocarbures. Le président iranien ne perd pas son temps dans l'espoir de desserrer l'étau américain sur son pays, devant son refus de céder sur son programme nucléaire. K. ABDELKAMEL