Aujourd'hui, l'Irak, le Liban, la Palestine, entre autres, sont là pour montrer toutes les dangereuses contradictions qui minent le système onusien qui se trouve ainsi objet d'une véritable remise en cause. Invité à présenter un exposé autour de la très complexe problématique “existe-t-il une communauté internationale?”, Mohamed Bedjaoui, ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères, n'a pas pris de gants pour dresser un véritable réquisitoire contre l'inanité des institutions internationales inhibées par un ordre mondial arrogant et inégalitaire. Refusant de cacher “le soleil avec le tamis”, Bedjaoui est allé, au cours de son intervention suivie par de nombreuses personnalités européennes et diplomatiques, jusqu'à remettre en cause le concept de “communauté internationale”, lui préférant celui de “société”. Loin de constituer une réaction épidermique à un quelconque conflit ou situation donnée, le chef de la diplomatie a disséqué le système international depuis notamment la Seconde Guerre mondiale, tout en prenant le soin d'illustrer par des faits historiques incontestables le visage hideux de cet ordre basé sur la puissance. M. Bedjaoui a très justement mis l'accent sur l'un des paradoxes les plus incroyables de la vie internationale. C'est, en effet, au moment où le monde subissait sa terrifiante fracture en deux blocs antagonistes durant la guerre froide que le concept de communauté internationale s'est le plus concrétisé et que le droit international qui la conforte fit des progrès spectaculaires. Aujourd'hui, l'émergence d'un monde unipolaire sans contre-pouvoir solide et dissuasif n'a fait qu'accentuer les inégalités et les injustices d'un système qui a pour fondement un unilatéralisme fatal pour une prise de décision consensuelle conforme à la légalité internationale. L'histoire du monde contemporain est juchée d'“ombres qui obscurcissent à ce jour le tableau”, des périodes où la communauté internationale, au lieu d'agir, est restée spectatrice de génocides et de conflits qui ont endeuillé l'humanité tout entière. Aujourd'hui, l'Irak, le Liban, la Palestine, entre autres, sont là pour montrer toutes les dangereuses contradictions qui minent le système onusien qui se trouve ainsi objet d'une véritable remise en cause. Les récentes déclarations du nouveau secrétaire général de l'Organisation des Nations unies confirment, malheureusement, que l'institution onusienne, censée être le garant de la stabilité et de la légalité internationale, va encore s'enfoncer dans son rôle de faire-valoir de la politique belliqueuse et hégémonique américaine. Le constat du chef de la diplomatie algérienne, aussi cru soit-il, est d'autant plus réaliste qu'il s'insère dans cet intéressant débat engagé ces dernières années autour des réformes internationales. H. S.