Les opérateurs économiques reprochent, à juste titre, au gouvernement, la place accordée aux investissements directs étrangers dans l'avant-projet. Les assises nationales sur l'industrie se tiendront les 26 et 27 février prochains. Les organisations patronales ont officiellement reçu l'invitation du ministère des Participations et de la Promotion de l'investissement. Temmar, lors de la rencontre avec le patronat, avait déjà annoncé la tenue des assises “au plus tard le 25 du mois de février pour déterminer le texte final de cette stratégie incluant les contributions du patronat et devant être soumis au Conseil de gouvernement dans les dix jours suivants”. Après son adoption par le Conseil de gouvernement, ce sera au tour du Conseil des ministres d'étudier et d'adopter ce document auquel succédera l'élaboration des textes régissant la mise en œuvre de cette stratégie. Le ministre et les opérateurs économiques, qui ont assisté à la rencontre, ont convenu d'un délai de 15 jours pour la remise des propositions et pourquoi pas se revoir une deuxième fois. Jusqu'à hier, le ministère des Participations, semble-t-il, n'a encore rien reçu. Aucune rencontre n'est programmée du moins pour l'instant. Les propositions des patrons seront probablement discutées lors des assises nationales. L'avant-projet sur la stratégie et les politiques de relance et de développement industriels, tient compte d'un cadre de référence, celui de la situation de l'industrie en Algérie et dans le monde, de l'innovation et de la compétitivité. La nouvelle stratégie se fonde sur un réajustement profond de structures industrielles existantes, s'appuyant sur la faculté des acteurs économiques à entreprendre et sur la nécessité pour l'Etat de promouvoir un cadre flexible et efficient. Le défi de la stratégie est qu'elle vise une croissance endogène, c'est-à-dire qui tire son dynamisme de l'intérieur du système industriel national, tout en s'inscrivant dans une dynamique de globalisation de la production. Une série de politiques et des choix de branches prioritaires ont été présentés, entre autres, les industries de transformations de ressources primaires (la pétrochimie, les engrais, la sidérurgie et les matériaux de construction) ; la remontée de filière à partir de la production de biens intermédiaires, avec l'objectif d'une intégration de plus en plus poussée du process (les industries électrique, pharmaceutique et agroalimentaire) et enfin le développement de nouvelles industries (l'industrie automobile et les activités industrielles et de services liés aux nouvelles technologie de l'information et de communication, téléservices, industrie Software). Filières prioritaires et zones d'activités industrielles intégrées seront encadrées par des politiques d'accompagnement, d'innovation, d'appui à la promotion des nouvelles technologies, de la création d'une capacité d'intelligence économique, de mobilisation des IDE, de promotion des ressources humaines, de promotion de l'investissement industriel prioritaire et des politiques de mise à niveau des entreprises. Pour autant si un consensus semble se dessiner “d'une stratégie industrielle”, une revendication, faut-il, le souligner, à maintes reprises exprimée par les opérateurs économiques eux-mêmes, les patrons reprochent, à juste titre, la place accordée aux investissements directs étrangers dans l'avant-projet. Attirer les IDE, souligne le document, c'est avant tout bénéficier de leurs externalités. Du coup, un certain nombre de mesures concrètes est proposé pour promouvoir les IDE : suppression de visa d'entrée aux investisseurs étrangers, ouverture de couloirs et de guichets (PAF et douanes) réservés aux investisseurs, développement de clusters et des pôles de compétitivités, installation d'antenne ANDI au niveau des mission économique algérienne à l'étrangers, autorisation de l'acquisition de bons de Trésor par des étrangers, relever le taux d'exportation des devises pour les entreprises exportatrices, réduction des charges fiscales et sociales, suppression de l'impôt sur les bénéfices provenant des opérations d'exportations… Sur cet aspect, les opérateurs économiques algériens divergent avec le ministère des Participations. Ils ne sont pas contre l'investissement étranger en particulier, mais ils estiment qu'une stratégie industrielle nationale doit s'appuyer sur des opérateurs locaux, des champions capables de tirer l'économie algérienne vers le haut. Les investisseurs étrangers viendraient en complément. Il n' y a pas de pays au départ qui se sont développés par des étrangers. L'exemple de la Corée du Sud cité dans l'avant-projet sur la stratégie et les politiques de relance et de développement industriels, est très illustratif. Se sont les Coréens qui ont développé la Corée du Sud. Ce que demande les chefs d'entreprise algériens c'est la liberté d'initiative et un environnement favorable à l'investissement productif. Meziane Rabhi