À peine rentrés de La Mecque que les Palestiniens s'en prennent à eux-mêmes. Avant d'aller provoquer la paisible armée du Liban. Depuis le temps qu'il sème, à titre gracieux, sa doctrine de la haine, le royaume wahhabite n'en finit pas d'étendre la violence en terre d'Islam. Et comme pour ne pas s'arrêter en si bon chemin, il vient de se remettre à jeter de l'huile sur le feu au Maghreb, au sujet d'“une cause sahraouie” que les régimes du Moyen-Orient et les Arabes en général ont royalement ignorée. Il y a de quoi douter, en effet, de la nature conciliatrice des interventions saoudiennes. Et de quoi s'inquiéter de l'expansionnisme idéologique de ce que Offman appelait les “Etats-bases”. Il n'y a, pour s'en convaincre, qu'à voir l'état de la sécurité du monde musulman. Les acquis républicains de la Turquie l'empêchent à peine de passer à l'affrontement physique. Mais les démonstrations de force se multiplient entre un gouvernement islamiste fort de sa représentativité et un mouvement laïque fort de sa légitimité historique. L'Irak est inextricablement enlisé dans des guerres où se conjuguent le terrorisme islamiste et le choc confessionnel. Le Liban, dont les principales forces politico-religieuses entretiennent leurs milices, se tient au bord de la guerre civile. La Palestine est retombée dans un conflit fratricide. C'est au prix d'une répression systématique que l'Egypte et la Jordanie tiennent en respect les velléités de leurs mouvements intégristes. Les talibans, de retour en Afghanistan, tentent de replonger le pays dans une guerre qu'on pensait finie. Les émeutes font rage au Pakistan. L'Algérie a été le premier pays à payer le prix de cette résurgence meurtrière de l'idéologie religieuse. Le Maroc et la Tunisie subissent régulièrement les effets de l'hégémonie du terrorisme islamiste au Maghreb. Jusqu'en Extrême-Orient, le monde musulman vit une époque d'instabilité et d'insécurité qui remet en cause, en plus de la stabilité des régimes en place, la survie de beaucoup parmi les Etats qui le composent. Partout, l'incertitude marque les perspectives politiques des pays musulmans et les régimes au pouvoir font de la résistance en usant inégalement de répression, de démarches conciliantes ou des deux. Le tout sur fond de mouvement terroriste international, symboliquement et doctrinalement unifié par le repère d'al-Qaïda. L'islamisme belliqueux, présenté comme l'expression du réveil de l'Islam contre l'injustice faite aux musulmans par les puissances ennemies de l'Islam et les régimes infidèles qui leur sont inféodés, menace en fait en premier lieu la stabilité et la paix des pays à identité musulmane. La stratégie de l'islamisme belliqueux vise à l'exportation de théories locales vers les peuples de même confession, afin d'établir des liens de filiation et de domination doctrinale et d'y contrer les revendications démocratiques et les perspectives séculières. Les premiers régimes post-coloniaux se sont vite accommodés de l'hégémonie idéologique islamisante parce qu'ils redoutaient le même péril de la démocratie et de la laïcité et parce que le prétexte religieux conservateur procure le confort politique du discours populiste. Le résultat est tragique. M. H. [email protected]